LE QUOTIDIEN – Trois quarts des 1 200 cabinets de groupes franciliens s’estiment fragilisés et deux tiers souhaitent être accompagnés. Êtes-vous surpris par cette situation ?
CLAUDE ÉVIN – En matière d’exercice collectif, on trouve en Ile-de-France 300 centres de santé, dont 220 médicaux ou pluriprofessionnels et 80 dentaires, 27 maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) en fonctionnement et une quarantaine en gestation. Cette étude inédite évoque… 1 200 cabinets de groupe. Fondés dans les années 80, ces cabinets se retrouvent fragilisés par les départs à la retraite des professionnels de santé. Quand un ou deux individus arrêtent leur activité au sein du même cabinet de groupe, la structure est déstabilisée. C’est donc un vrai sujet de préoccupation pour l’agence ! Les cabinets de groupe représentent une offre de soins ambulatoires que je veux naturellement sauvegarder, dans le cadre du maintien et du développement des structures d’exercice collectif, quel que soit leur statut juridique. Contribuer à l’offre de soins de proximité en exercice collectif correspond à une aspiration forte des jeunes.
Mais que peut faire l’ARS pour soutenir ces structures ?
Financée par l’agence, cette étude a permis d’identifier la réalité des cabinets de groupe franciliens. C’est déjà un élément important. Ensuite, toute forme de soutien doit se traduire à un moment par de l’argent, soit pour subventionner un projet qui porte sur les fonctions de secrétariat et de logistique, soit par une aide à l’investissement. Il faut savoir que les outils dont dispose l’agence sont très limités. Notre aide pourrait trouver sa place dans les nouveaux modes de rémunération mais ces derniers arrivent à expiration à la fin de l’année.
Nous n’avons pas d’outils conventionnels au niveau régional, ni de réelle possibilité de contractualiser autrement que par le fonds d’intervention régional (FIR), dont les crédits sont déjà très contraints et mobilisés. Sur les 525 millions d’euros octroyés à l’Ile-de-France en 2013, la marge de manœuvre est quasi nulle.
1 200 cabinets de groupe versus 27 maisons de santé… Ne serait-il pas logique de soutenir l’existant ?
Je suis complètement d’accord avec vous ! Si nous avons accepté de financer cette étude, c’est pour qu’il y ait une prise de conscience de la réalité de la situation ! Ce document pointe un besoin qui, a ce jour, n’a pas été suffisamment pris en compte. Nous avons certes la nécessité de créer des MSP, mais je souhaite aussi que nous puissions transformer des cabinets de groupe en MSP. Par transformer, j’entends établir une convention avec ses cabinets comme c’est le cas avec les maisons de santé. On dit que les MSP sont un mode d’organisation à venir. Dans certains territoires, c’est vrai, l’offre de soins doit être développée par de nouvelles installations. Là, les MSP sont utiles. Mais il existe aussi des structures d’exercice collectif qui ont besoin d’être consolidées. Sans elles, c’est un pan de l’offre de soins de premier recours qui disparaît. Je souhaite pouvoir élaborer un « plan ambulatoire » pour l’Ile-de-France. Mais j’ai besoin de tous les outils législatifs nécessaires aussi bien que conventionnels.
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