DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, centres de recherche ou institutions du monde de la santé étudient les perspectives d’évolution de la démographie médicale. Mais ils planchent depuis moins longtemps sur les raisons du faible taux d’installation en milieu libéral des praticiens de l’Hexagone. Selon les dernières données de l’Ordre des médecins, seulement 10 à 15 % des médecins nouvellement diplômés s’installent l’année suivant leur sortie de la faculté. Une étude de la littérature étrangère (Canada, États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni) a été réalisée sur ce sujet par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) il y a moins de deux ans. Celle-ci confirme que les majorations d’honoraires et autres systèmes de bourses auprès des étudiants en médecine ont montré leurs limites et qu’il est nécessaire d’inclure cette réflexion dans le cadre d’une politique globale d’aménagement du territoire. « Pour bien comprendre la décision des professionnels de santé, il convient d’associer l’analyse des critères professionnels – notamment la crainte de l’isolement – et celles des critères personnels, dont les attentes par rapport au cadre de vie et à la vie de famille (infrastructures scolaires, culturelles, emploi du conjoint…) », souligne l’IRDES. Les principales mesures mises en place par les pays européens pour obtenir une meilleure répartition des médecins sur leur territoire portent essentiellement sur l’augmentation des effectifs globaux de médecins formés, l’adaptation de la formation initiale et sur les aides financières à la formation. « L’augmentation des effectifs globaux des médecins ne constitue pas une solution au problème de la répartition inégale des professions de santé, ajoute l’IRDES. En effet, malgré la concurrence exacerbée et la saturation de l’offre dans les zones à forte densité, les médecins continuent à s’y établir et ne s’installent pas davantage dans des zones déficitaires comme c’est également le cas aux États-Unis ou au Royaume-Uni ».
Selon une étude réalisée par l’Assurance-maladie en 2008 auprès de médecins généralistes récemment installés en zone déficitaire, la motivation principale d’installation de ces praticiens est tout d’abord personnelle. Leur choix a résulté de l’envie de s’installer dans une zone géographique, d’un choix d’exercice en milieu rural ou semi-rural ou a découlé d’une opportunité de collaboration. Ou tout simplement de leur « volonté de changer de vie ».
Les médecins généralistes s’installent de plus en plus tardivement : 39 ans de moyenne d’âge. Une enquête réalisée par l’URML d’Ile-de-France en janvier 2008 auprès de jeunes médecins a montré que les facteurs rédhibitoires à l’installation les plus fréquemment cités par les futurs praticiens étaient dans l’ordre les charges administratives, l’investissement financier initial, la gestion comptable du cabinet, la perte du travail en équipe et le temps de travail hebdomadaire. Au contraire, la qualité de vie dans le quartier, la possibilité professionnelle du conjoint, la proximité d’autres professionnels de santé, la possibilité d’exercer en groupe ou la proximité familiale apparaissaient être des éléments déterminants de l’installation des futurs médecins, bien devant le lieu de réalisation de l’externat et de l’internat.
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