FAUT-IL Y VOIR UN SIGNE PROMETTEUR ? Les deux « finalistes » de la primaire socialiste, François Hollande et Martine Aubry, sont les deux prétendants à l’investiture ayant le plus parlé de santé, du moins en fin de campagne, à l’occasion de déplacements ciblés et de rencontres directes avec des soignants.
Lors de ces visites (hospitalières), mais aussi au cours du troisième débat télévisé qui avait abordé la thématique de santé, la maire de Lille et le président du conseil général de Corrèze ont levé un coin du voile sur leurs intentions, montrant de larges convergences de vues mais aussi quelques divergences.
Au rang des priorités partagées, tous deux insistent avec fermeté sur la nécessité de rétablir les comptes sociaux, en élargissant le financement actuel de la Sécu et en trouvant des ressources supplémentaires (réforme de la fiscalité impliquant le transfert des cotisations sociales sur la valeur ajoutée, prélèvements sur les revenus du capital, suppression de niches…). François Hollande s’est fait le champion de la crédibilité budgétaire tandis que la maire de Lille a souligné à maintes reprises qu’elle avait été capable de « rétablir les finances de la Sécurité sociale tout en créant la CMU », en tant que ministre de l’Emploi et de la Solidarité de 1997 à 2000 dans le gouvernement Jospin.
Méthode.
Tous les deux se rejoignent sans surprise pour condamner les décisions de Nicolas Sarkozy en matière de santé. À l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif, François Hollande a vilipendé la « politique de maltraitance » du gouvernement,évoquant les franchises et déremboursements, tandis que Martine Aubry, au CHU de Grenoble, avait étrillé la loi HPST source de « découragement considérable à l’hôpital ».
Aucun des deux ne renie les objectifs inscrits dans le projet socialiste visant à mettre l’hôpital au « cœur du système », à valoriser la prévention, la médecine scolaire, la médecine du travail, ou encore à encourager les maisons de santé pluridisciplinaires. L’encadrement des dépassements d’honoraires est également cité comme un objectif majeur par les finalistes. En revanche, la méthode de lutte contre la désertification médicale fait l’objet d’une divergence doctrinale entre les deux ténors PS. « Les mesures incitatives, ça ne marche pas ! », avait tranché Martine Aubry lors du troisième télévisé. À Grenoble, elle avait même comparé les médecins libéraux aux normaliens ou aux énarques qui doivent plusieurs années de carrière à l’État, après la fin de leur formation initiale. François Hollande, à l’inverse, ne veut pas entendre parler de coercition à l’installation en médecine libérale (même s’il souhaite limiter les nouvelles implantations dans les zones surdenses). Une façon de se démarquer des méthodes plus « autoritaires » de Martine Aubry…
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