LA CHARGE des cinquante députés de la majorité visant à garantir un accès équitable aux soins, au prix du sacrifice de la liberté d’installation des médecins libéraux, est loin d’être une exception. Semaine après semaine, le climat s’est durci sur ce sujet avec un foisonnement d’initiatives et de discours entravant ou supprimant la liberté d’installation en médecine libérale.
Sur le front conventionnel d’abord, les masseurs-kinésithérapeutes (après les infirmières) viennent de négocier avec l’assurance-maladie des concessions sur leur liberté d’installation (en échange de revalorisations). Dans les zones surdotées, toute nouvelle installation sera conditionnée au départ préalable d’un confrère. « Mais nous avons obtenu la diminution de moitié du nombre de professionnels concernés, de 14 000 à 7 000, précise Alain Bergeau, président du principal syndicat (FFMKR). Concrètement, seuls 300 kinés ne pourront pas s’installer où ils le souhaitent ». Quant à l’installation des pharmaciens, elle est depuis longtemps réglementée. Dans ces conditions, la nouvelle convention médicale - qui prévoit deux options exclusivement incitatives pour mieux répartir les médecins - apparaît aux yeux de beaucoup d’élus locaux comme trop conciliante à l’égard de la profession.
Sur le front politique cette fois, la question de la désertification médicale a fait l’objet de nombreuses déclarations nationales ou locales tout au long de 2011. Le 19 octobre, une centaine de députés de la majorité, à l’initiative de Véronique Besse (non inscrite) déposaient une « proposition de résolution » réclamant que la lutte contre la « fracture médicale » soit érigée en priorité nationale en 2012, année d’élection présidentielle. Mi-octobre, le Conseil économique, social et environnemental (CESER) de Basse-Normandie affirmait de son côté qu’il faudrait rapidement « revisiter » la principe de la libre installation, au regard de l’inefficacité des mesures actuelles. En début d’année, une proposition de loi déposée à l’Assemblée (par les groupes socialiste, radical, citoyen, et divers gauche), défendue par le député PS Christian Paul, visait à instaurer un « bouclier rural » instaurant des délais maximum d’accès aux soins : 20 minutes de trajet automobile pour un généraliste, 30 minutes pour un service d’urgence.. La même PPL confiait aux ARS le soin de plafonner les installations dans les zones surdenses.
Enfin, les remèdes contre les déserts ont divisé les candidats à la primaire socialiste. Martine Aubry et Arnaud Montebourg défendaient une ligne « dure » (les jeunes médecins devant s’engager à exercer plusieurs années en zone fragile en début de carrière) tandis que François Hollande et Manuel Valls estimaient que les mesures coercitives sont inopérantes.
Le feuilleton continue.
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