Un concept novateur alliant une maison de santé pluridisciplinaire, un hôtel d’entreprise, et un incubateur de projet : c’est le pari de Bernard Roux, vice-président du Conseil économique et social environnemental de Franche-Comté, pour « draguer » les professionnels de santé dans les zones sous-denses. Une expérimentation est sur les rails à Lons-le-Saunier (Jura).
« COMPRENDRE LES JEUNES médecins et leurs besoins », tel est le leitmotiv de Bernard Roux depuis 3 ans. Pour séduire les professionnels de santé, cet énarque, qui a jonglé au cours de sa longue carrière entre public et privé, ne mise pas sur les incitations financières, mais s’intéresse davantage au cadre d’exercice. « La profession se féminise, les médecins sont soucieux de leur qualité de vie et veulent conjuguer sphère familiale et professionnelle, tout en gardant leur liberté. Il faut donc inventer une nouvelle formule qui corresponde au mouvement de fond de la société : une pépinière ».
Le concept, inspiré des cliniques de la Mutualité Française, repose sur trois piliers : une maison de santé pluridisciplinaire, un hôtel d’entreprise, qui prendrait en charge la gestion, la comptabilité, l’administration, la correspondance, les nouvelles technologies… Et un incubateur grâce auquel, via des formations proposées par les centres hospitaliers de la région en partenariat avec l’agence régionale de santé, les jeunes médecins concevraient un projet personnel. Libre à eux de quitter ou non la structure à terme. Une société privée s’occuperait en outre du recrutement des professionnels en tant que salariés, sur la base de contrats élaborés avec l’ARS et le Conseil de l’Ordre, garants de la déontologie.
Généralistes, cardiologues, dermatologues...
« 5 médecins partiront d’ici à 2 ans sans avoir de remplaçants. En tout, ce sont 16 professionnels qui ont quitté Lons-le-Saunier depuis 4 ou 5 ans. Avec 24 % de la population qui a plus de 60 ans, et 33 % en 2060, nous avons besoin de généralistes, de cardiologues et de dermatologues ! » analyse Bernard Roux, persuadé de la pertinence et faisabilité de la pépinière dans sa ville.
L’énarque a déjà l’engagement d’un cabinet comptable qui piloterait l’hôtel d’entreprise. Il mettrait même ses murs à disposition de la maison pluridisciplinaire. « Il suffit de procéder à des aménagements pour installer des cabinets médicaux, mais des aides financières sont disponibles, le coût serait modique », assure Bernard Roux.
La présidente du conseil général du Jura serait également favorable, comme le conseil départemental de l’Ordre des médecins, malgré des réserves. Reste à convaincre l’ARS qui ne s’est pas encore saisie du projet. Les promoteurs devraient rencontrer les responsables de l’agence début juin. Le cas échéant, Bernard Roux ne perd pas courage : « Si l’expérimentation ne se fait pas ici, je suis convaincu que cela pourra se faire ailleurs ».
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