DE NOTRE CORRESPONDANTE
FIGEAC : 10 000 habitants, la cité de Champollion, une petite ville charmante, mais enclavée. Loin de Toulouse (150 km), de Cahors (70 km) et de Rodez (80 km). Dans ce territoire qui ne fait pourtant pas partie des zones médicales déficitaires, les jeunes médecins ne se bousculent pas et 40 % des généralistes auront pris leur retraite dans cinq ans. Sur le terrain, le corps médical s’organise sans attendre la catastrophe annoncée. Le Dr Claude Gendre, médecin généraliste et président de l’association Coordination de santé du territoire de Figeac, mène le mouvement.
L’association fait partie depuis quelques mois du projet RÉSATER : RÉseau de SAnté et TElémédecine en zones rurales. Un programme organisé en partenariat avec des territoires européens (l’Espagne, le Portugal), mais aussi la commune de Saint-Girons, plus au sud, qui présentent tous les mêmes caractéristiques. Il est doté d’un budget global de 1,7 million d’euros (283 000 euros pour Figeac), alloué par l’Europe et l’URCAM (Union régionale des caisses d’assurance-maladie).
« Au départ, conscient des problèmes de désertification annoncés, nous avons fait un audit avec un cabinet en santé publique et essayé de trouver des solutions pour rendre le territoire attractif pour les personnels de santé et les patients », raconte le Dr Gendre. Parmi les pistes évoquées : fidéliser les jeunes médecins en développant des échanges et notamment l’accueil des étudiants dans les cabinets pour leurs stages, créer un dispositif d’hospitalisation à domicile ou encore établir un lien plus fort entre médecine de ville et hospitalière. Le développement de la télémédecine est également une piste de désenclavement. « Notre première action concrète a été la mise en place d’une messagerie sécurisée entre médecins libéraux il y a trois mois. Nous avons opté pour Médimail, préconisée par l’union régionale des médecins libéraux », détaille-t-il. Mais déjà les premières réticences d’une population médicale vieillissante apparaissent : sur les 15 généralistes et 30 spécialistes installés à Figeac, 4 praticiens libéraux seulement l’ont adopté !
Au plan local, l’objectif de RÉSATER est aussi de mettre en place le dossier médical personnel et de développer d’autres outils de télémédecine. « La forme n’est pas arrêtée, mais l’objectif est bien de créer des réseaux entre professionnels et au service des patients », martèle le médecin. Le partenariat avec les autres équipes européennes sera décisif notamment pour mutualiser les moyens. L’équipe de Saint-Girons travaille sur un projet de valise médicale pour les professionnels de santé éloignés ; une équipe portugaise conduit une étude sur les personnes handicapées mentales. « À partir des expériences menées dans chacun des territoires, nous créerons une plateforme informatique sur internet qui permettra d’établir un protocole », indique François Breurec, chargé de mission pour le Pays de Figeac.
Les premiers projets seront mis en ligne en juin prochain. Ces actions suffiront-elles à attirer les jeunes médecins ? « Clairement je ne le pense pas, pour cela, il faudrait aussi qu’ils puissent bénéficier d’une structure hospitalière attrayante », argumente le Dr Claude Gendre, lucide.
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