Pas d'effet majeur sur la mortalité. Tel est le principal enseignement d'une étude portant sur l'équivalent anglais de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), appelée « Quality and outcomes framework » (QOF), mode de paiement auquel se sont intéressés des chercheurs pour le Lancet.
Mis en place dès 2004 dans le secteur des soins primaires, ce système de rémunération à la performance (P4P) est l'un des plus développés dans le monde. Il comporte plus de 100 indicateurs (contre seulement 29 pour son homologue français) qui ciblent les maladies chroniques, l'organisation des soins et le retour d'expérience des patients sur divers items. Ces bonus peuvent procurer jusqu'à 25 % de revenus supplémentaires aux médecins généralistes.
Mais pour quels résultats ? Selon le Lancet, les chercheurs (qui ont analysé et comparé les statistiques de mortalité dans 27 pays développés) montrent que le QOF britannique améliore le taux de mortalité pour les maladies chroniques ciblées dans des proportions très limitées : 3,68 pour 100 000 personnes.
Un avenir compromis ?
L'amélioration de la mortalité est de 2,21 pour 100 000 pour les maladies cardiaques ischémiques. Pour les cancers, l'impact est également réduit. « Nos résultats montrent que l'introduction du QOF au Royaume-Uni n'a pas produit de changements significatifs dans la mortalité de la population pour les maladies ciblées par le programme », analysent les auteurs.
« Nos recherches soulèvent des interrogations quant à savoir si le paiement à la performance est une méthode viable pour améliorer la santé de la population », ajoute l'étude. « La relation entre les incitations financières et la mortalité doit être évaluée pour des maladies spécifiques », concluent les chercheurs.
Après cette étude, la principale organisation d'usagers du pays, la « Patients Association », a déclaré que « les médecins devaient se concentrer sur tous leurs patients, et pas seulement ceux pour lesquels ils peuvent être payés ».
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