Le Premier ministre Édouard Philippe propose, dans le plan du gouvernement présenté ce vendredi pour lutter contre les déserts médicaux, de développer les coopérations entre les professionnels de santé et de déployer des pratiques avancées à partir de 2018. Au Royaume-Uni, l'élargissement du domaine de compétences médicales des infirmiers est en place depuis de nombreuses années.
Sara Dalby, qui travaille à l'hôpital de l'université d'Aintree à Liverpool (nord-ouest de l'Angleterre), est l'une des infirmières qui a ajouté cette corde à son arc. Quand elle a commencé à travailler en 2003, elle donnait un coup de main aux chirurgiens. Aujourd'hui, elle effectue des excisions de cancer de la peau et des opérations de chirurgie du canal carpien.
La jeune femme a saisi sa chance lorsqu'a émergé la fonction « d'infirmières praticiennes avancées » (Advanced nurse practitioners – ANP), dotées d'attributions traditionnellement associées aux médecins et chirurgiens travaillant en milieu hospitalier.
Certification en cours
Le Royaume-Uni figure parmi les pays européens à l'avant-garde en matière de refonte du rôle des infirmiers, un mouvement amorcé en Amérique du Nord. Et le rôle de ces infirmières aux pratiques avancées y est considéré de plus en plus crucial, alors que le système de santé public, le NHS, manque de médecins, d'argent et doit faire face à des coûts de plus en plus importants. L'an dernier, il manquait 6 500 généralistes au Royaume-Uni et le chiffre est susceptible de grimper jusqu'à plus de 12 000 en 2020, selon une estimation de l'Imperial College de Londres.
Ces infirmiers d'un nouveau genre pourraient contribuer à apporter une solution. « Je ne crois pas que ce soit la solution mais ils pourraient potentiellement aider dans certains domaines », estime Sara Dalby. Ils répondent aussi à l'évolution de la demande de soins de santé au Royaume-Uni, où la population est vieillissante, de plus en plus isolée, avec des gens présentant des conditions de santé compliquées à long terme. Les « ANP » peuvent effectuer des diagnostics, établir des programmes de soins mais aussi intervenir dans des domaines complexes comme la chirurgie.
Ces infirmiers hautement qualifiés ont commencé à être plus nombreux au Royaume-Uni à partir de 2006, à la faveur d'un changement de loi. On ne connaît pas leur nombre précis, mais selon le Collège royal des infirmiers, ils seraient plusieurs milliers à travailler dans des champs d'activités divers.
Manque de régulation ?
La situation inquiète dans le secteur de la santé, certains mettant en avant le manque de régulation du secteur, citant le cas d'infirmiers effectuant des actes médicaux sans en avoir les compétences. Le Collège royal des infirmiers tente d'imposer de meilleures règles et a lancé en mai un programme de certification. Il a déjà validé le travail de 60 infirmiers et 60 autres sont en attente.
Toutefois, devenir infirmier hautement qualifié n'est pas si facile. La plupart doivent décrocher une maîtrise en pratique infirmière avancée et des diplômes en pratique de soins chirurgicaux. D'ailleurs, pour Ie Collège royal des chirurgiens, les ANP sont souvent « la colle qui soude les équipes chirurgicales ».
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