Le problème des déserts médicaux continue d’être un sujet de préoccupation majeure au sein de la profession. « Aujourd’hui, il y a environ 5 500 ophtalmologistes en France, soit 2,7 % de l’ensemble des médecins. La densité des ophtalmologistes est de 8,9 pour 100 000 habitants mais elle est très inégalement répartie sur le territoire. Par exemple, en Champagne-Ardenne, on recense 5,5 ophtalmologistes pour 100 000 habitants, contre 13 pour 100 000 en Ile-de-France », indique le Dr Lionel Leroy, secrétaire général du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF).
On sait aujourd’hui qu’en dessous de 8 ophtalmologistes pour 100 000 habitants, les délais d’attente grimpent en flèche. « Dans certaines régions, comme la Normandie, le Centre, la Franche-Comté ou la Bourgogne, le délai d’attente est supérieur à un an. Et beaucoup d’ophtalmologistes sont proches de l’âge de la retraite, avec souvent peu d’espoir de trouver un successeur », souligne le Dr Leroy.
Cette situation est d’abord liée à la baisse continue du numerus clausus durant des années. « Mais nous avons aussi été pénalisés par notre filiarisation avec la chirurgie, car nous avons toujours été considérés un peu comme les parents pauvres. Alors que nous représentons 2,7 % des médecins, nous n’avons jamais eu plus de 1,5 % de postes au concours national classant », indique le Dr Leroy.
En 2010, 100 nouveaux ophtalmologistes ont été formés en France, un chiffre largement inférieur à ceux recensés dans les autres pays européens. « En moyenne, dans les autres pays, chaque année, on forme 3 à 4 nouveaux ophtalmologistes par million d’habitants, contre moins de 2 en France », constate le Dr Leroy. Pour faire face à cette pénurie de main-d’œuvre, la France a été obligée d’ouvrir ses frontières aux ophtalmologistes étrangers (40 en 2010). « On a accueilli des confrères roumains mais, parmi ceux venant d’Europe, les plus nombreux restent les Belges. Nos hôpitaux ont aussi fait venir beaucoup d’ophtalmologistes d’Afrique et du Maghreb qui, dans certains cas, ont été de vrais piliers qui ont permis de faire tourner pas mal de services en France. Aujourd’hui, un certain nombre de ces médecins ont obtenu le droit de s’installer en libéral, via la procédure d’autorisation d’exercice ».
Formation des orthoptistes
Face à ce problème des déserts médicaux, la SNOF avance un certain nombre de propositions. La priorité est d’abord d’augmenter le nombre d’ophtalmologistes à former chaque année, mais aussi celui des orthoptistes. « Le problème est que ces derniers sont, eux aussi, un peu les parents pauvres dans les filières paramédicales. En France, il y a 0,4 orthoptiste par ophtalmologiste alors qu’on compte 3,3 manipulateurs radio par radiologue », souligne le Dr Leroy.
Certes, ces dernières années, plusieurs écoles d’orthoptistes ont été ouvertes. « Mais cela reste insuffisant. Actuellement, il y a 3 600 orthoptistes en France et il en faudrait 3 000 supplémentaires pour que 90 % des ophtalmologistes puissent exercer avec au moins un orthoptiste », indique le Dr Leroy.
L’augmentation du nombre de ces paramédicaux est indispensable pour permettre la mise en œuvre d’une véritable délégation des tâches. « La loi HPST a prévu des protocoles pour permettre aux orthoptistes de réaliser des actes jusque-là réservés aux seuls ophtalmologistes. C’est le cas par exemple pour le dépistage de la rétinopathie diabétique. Désormais, les orthoptistes peuvent faire des clichés qui sont interprétés, à distance via la télémédecine, par des ophtalmologistes (lire aussi page 4). Il existe aussi un protocole pour la délivrance des verres correcteurs pour les enfants de moins de 16 ans. Il permet à un orthoptiste de modifier la correction et de l’adapter à la vue de l’enfant. Ensuite, l’ophtalmologiste doit juste valider chaque correction mais cela ne lui prend pas plus d’une minute », souligne le Dr Leroy.
Entretien avec le Dr docteur Lionel Leroy, secrétaire général du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF).
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur