L’INCITATION, rien que l’incitation. Délivré par le ministre de la Santé à des élus locaux réunis par l’Association des maires de France (AMF) lors d’une rencontre sous-titrée « Désertification médicale : une fatalité ? », (« le Quotidien » d’hier), le message était on ne peut plus clair. Entre le camp des maires – qui commencent à se demander s’il n’est pas temps de passer « à des mesures de réglementation plus fortes » pour garantir une présence médicale sur tout le territoire – et celui des médecins – attachés à leur liberté d’installation –, Xavier Bertand a choisi. Sans aucun doute possible.
Dans les locaux de l’AMF, tout au long de son intervention, le ministre a enfoncé le clou. « Je crois au volontariat, pas à la coercition », a-t-il martelé, se posant en champion d’un « pilier » de la médecine libérale. Pour défendre ce credo, Xavier Bertrand a déployé des trésors de pédagogie. « Si vous mettez en place l’obligation [d’installation, NDLR], vous ne pourrez pas changer les règles en cours de route, vos mesures ne s’appliqueront donc que dans dix ans. En outre, si vous choisissez cette voie, hélas, dans dix ans, vous aurez beaucoup moins de candidats ! »
Pour autant, le ministre de la Santé a compati aux difficultés rencontrées par les collectivités territoriales en mal d’offre de soins. « Quand le dernier médecin décroche la dernière plaque du village, c’est autre chose que quand La Poste s’en va. (...) Pour les élus, c’est un déchirement. On se dit que cette plaque qui s’en va ne reviendra pas », a-t-il convenu. Promettant aux maires que, pour peu qu’ils soient « mieux connus », les outils incitatifs (existants ou en cours d’élaboration) permettront progressivement de rééquilibrer la géographie de l’offre de soins, Xavier Bertrand a aussi mis l’accent sur la question de « l’environnement de la vie des médecins ». « Nous sommes là dans la logique de l’aménagement du territoire, a-t-il insisté. C’est la question de l’époux ou de l’épouse du médecin, du logement, des transports, des possibilités de garde pour les enfants… Sur tous ces points, nous, les élus locaux [Xavier Bertrand est maire de Saint-Quentin, dans l’Aisne], devons renforcer notre attractivité vis-à-vis des médecins. » L’exercice est d’autant plus nécessaire que, le ministre de la Santé le souligne, « le médecin renforce lui aussi l’attractivité du territoire. » L’œuf et la poule.
Le ministre aura-t-il convaincu les plus jusqu’au-boutistes d’entre les maires de France ? Réponse le 27 avril. À cette date, en effet, l’AMF devrait adopter une position officielle sur la question de l’installation.
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