Pour la première fois, le Collège de la médecine générale (CMG) a rendu public les chiffres de participation des généralistes au développement professionnel continu (DPC). Sur les 86 000 médecins généralistes recensés par l'Ordre, seuls 23 981 étaient inscrits auprès de l'Agence nationale du DPC (ANDPC), au 30 juin dernier. Parmi eux, 10 595 avaient réalisé deux programmes, susceptibles de leur permettre de valider leur obligation triennale de formation 2019-2022.
Trop peu, pour le Pr Paul Frappé, président du CMG, qui regrette ce manque d'engagement. « Nous nous attendions à de tels résultats, la formation, pourtant obligatoire, touche peu les généralistes, comme le reste des médecins », déplore-t-il.
Les chiffres délivrés par l'ANDPC restent toutefois à prendre avec des pincettes. Car ils n'intègrent pas les médecins non conventionnés, salariés d'établissement de santé publics ou privés ou exerçant dans des services de santé au travail. Impossible donc de calculer la proportion de généralistes remplissant réellement leur obligation de formation.
22 % des inscrits sont des généralistes
« Par rapport aux autres professionnels de santé, les généralistes apparaissent tout de même comme les plus actifs du point de vue de l'ANDPC », modère le Pr Frappé. En effet, sur les 108 529 professionnels de santé inscrits – médecins, infirmiers, pharmaciens ou kinés compris – 22 % sont des généralistes. Ils représentent par ailleurs près de 30 % des professionnels de santé ayant rempli les conditions de validation de leur obligation triennale.
« Les autres spécialités sont autant, voire plus touchées que nous par ce manque de formation », souligne le président du CMG, qui précise que « les hospitaliers font très peu de DPC car ils ne sont pas forcément au courant que l'établissement cotise pour cela. Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne se forment pas ailleurs ! »
Comment expliquer cette désertion du DPC ? « Cela peut être lié à un manque de temps, mais aussi à la complexité du système. Il faut arriver à simplifier le parcours, pour ne pas ajouter une lourdeur administrative de plus, d'autant plus qu'il y a énormément d'acteurs », analyse le Pr Paul Frappé. Et en effet, l'offre de formation est pléthorique. 2 586 organismes de formation étaient recensés fin juin, dont 1 340 rien que pour la médecine générale. Toutes professions confondues, plus de 18 000 actions ont été déposés par ces organismes à l'ANDPC.
Top 10
La publication du CMG éclaire également sur les formations préférées des généralistes. Premier enseignement : ils favorisent largement le distanciel au présentiel, avec 28 051 inscriptions de généralistes en « e-learning », contre 8 146 en présentiel. Un goût pour le virtuel qui touche également les spécialistes et les paramédicaux. L'âge moyen des généralistes ayant alimenté leur document de traçabilité – attestant de l'ensemble des formations DPC suivies – était de 48 ans.
Les données fournies par l'ANDPC font également ressortir le top 10 des formations préférées des généralistes. Et - de très loin - l'orientation « démarche diagnostique en médecine générale », fait carton plein, cumulant 7 476 inscriptions, soit 15 %. Elle est suivie par « gestes techniques utiles dans la pratique de la médecine générale », avec 3 646 inscriptions, puis « prise en charge des problématiques de santé de la femme », « évaluation et amélioration de la pertinence des parcours » et « prise en charge des patients à risque cardiovasculaire et métabolique ».

Un classement qui n'a rien de surprenant pour Paul Frappé : « C'est toujours le pratico-pratique qui attire le plus les généralistes : les gestes, les diagnostics, les prises en charge de la santé de la femme ou de l'enfant… » En queue de peloton, les formations liées à la prise en charge des patients multimorbides, à la prévention de la désinsertion socio-professionnelle ou à la psychothérapie en médecine générale attirent beaucoup moins, avec respectivement 37, 138 et 166 inscriptions. « Ces thématiques peuvent certainement paraître plus théoriques », propose le Pr Frappé.
Enfin, certaines régions cumulent davantage de médecins inscrits. C'est le cas de la Corse, qui compte 198 généralistes inscrits à un DPC, soit près de la moitié de la totalité des généralistes installés dans la région ! Une fois de plus, ces chiffres ne comptabilisent pas les médecins salariés en établissement de santé notamment. Le nombre d'inscrits sur les autres régions suit globalement la démographie médicale.
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