LE QUOTIDIEN – En tant que président (Fédération des médecins de France – FMF) de l’union régionale des médecins libéraux de Basse-Normandie, comment interprétez-vous le déplacement de Nicolas Sarkozy dans le pôle de santé libéral et ambulatoire d’Orbec ?
Dr ANTOINE LEVENEUR – Je suis évidemment satisfait que la stratégie régionale de création de pôles de santé libéraux et ambulatoires initiée dès 2007 en Basse-Normandie, bien avant la loi HPST [Hôpital, patients, santé et territoires] et les ARS [agences régionales de santé], soit reconnue. Cette stratégie porte ses fruits avec l’émergence de pôles comme Orbec, ouvert depuis le 1er septembre. La visite de Nicolas Sarkozy assoit la légitimité de cette démarche et valide la politique de l’URML lancée à l’époque contre vents et marées en entraînant l’État, les collectivités territoriales… D’autres régions – Bretagne, Pays-de-Loire, Centre, Nord-Pas-de-Calais… – bougent aussi mais notre particularité, c’est que toute l’organisation est fondée sur une vraie politique régionale. On a développé des outils pertinents comme le diagnostic territorial partagé, sorte de « V1 » du SROS ambulatoire, et des instances de sélection et de régulation de projets : comités d’organisation départementale, guichet unique du financement, pilotage régional, charte partenariale… À chaque fois, on a un projet médical territorial. On ne fait pas tout n’importe quoi, n’importe où.
Vous aurez un échange à huis clos avec le président. Quels messages voulez-vous faire passer ?
Il semble que les pouvoirs publics commencent à comprendre la nécessité de redonner envie aux jeunes confrères de choisir l’exercice libéral et notamment en milieu rural. Cela passe nécessairement par la rénovation des conditions d’exercice et par la rémunération. J’attends une revalorisation globale de l’activité des médecins libéraux, mais aussi la reconnaissance du travail de coordination quand on s’investit dans un projet pluridisciplinaire, et enfin des forfaits « structure » pour encourager les regroupements. Il faut mettre le paquet sur les systèmes d’information, jusqu’à la télémédecine. Bref, il faut actionner plusieurs leviers et, de ce point de vue, le rapport Hubert plante assez bien les choses.
Quant au « modèle » des pôles de Basse-Normandie, ce n’est sans doute pas la seule façon de faire mais cela fait partie des modes d’organisation intelligents pour combattre la désertification. C’est respectueux de l’argent public. Il faut que ces initiatives soient facilitées. C’est pourquoi je demanderai au président de lever les blocages juridiques et fiscaux. Enfin, il faut que ces pôles libéraux deviennent des lieux incontournables de formation des externes et des internes. Orbec est d’ailleurs un lieu de formation initiale.
Depuis quelques mois, Nicolas Sarkozy s’active sur le front de la médecine libérale. Avez-vous l’impression que les choses bougent vraiment ou craignez-vous un rideau de fumée ?
Le chef de l’État veut faire de la médecine de proximité une priorité de la seconde partie de son quinquennat. Très bien ! Orbec sera, j’espère, un discours fondateur. Nous ne sommes pas dupes, il y a sans doute une opportunité politique. Attendons… Nous jugerons sur pièces.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur