LE QUOTIDIEN - Vous publiez des atlas régionaux actualisés, cette fois, à l’échelle des 2 200 bassins de vie. Quel est l’intérêt d’une analyse aussi détaillée ?
DR PATRICK ROMESTAING - Ces atlas sont des outils que doivent s’approprier nos élus régionaux et départementaux et qui permettront d’éclairer la réflexion des Agences régionales de santé. Ces atlas doivent aider les ARS à prendre les meilleures décisions possibles, par exemple en matière de permanence des soins. Pourquoi le bassin de vie ? Parce qu’il faut décliner l’analyse au plus près du terrain. Après le bilan national, les régions, les départements, il était logique de faire un état des lieux à l’échelon ultime, les bassins de vie. Il y en a 2 200 en France, ce qui permet une approche très fine. À cette échelle, on met en lumière les fortes disparités locales. En PACA, on a des départements comme les Bouches-du-Rhône et le Var à très forte densité médicale moyenne mais on y repère aussi des bassins de vie où la densité est basse et la situation inquiétante d’autant qu’on associe le facteur de densité de médecine générale avec l’âge moyen des généralistes. On pourrait prendre d’autres exemples : Rhône-Alpes, l’Ile-de-France…
Sur la médecine générale justement, la situation générale empire-t-elle ?
Pour répondre, il faut regarder de près le mode d’exercice actuel (libéral, hospitalier ou mixte) et comparer la situation aux tableaux des nouveaux inscrits, avec leurs choix d’exercice. Cela peut inquiéter. Le renouvellement de la médecine générale ne se fait pas car il y a très peu d’installations nouvelles en libéral. Dans de nombreux secteurs, l’exercice libéral concerne nettement moins de 10 % des nouveaux inscrits. Mais il est difficile de prétendre que la situation générale empire. L’analyse doit être locale. Globalement, là où la densité est déjà basse, il y a peu d’installation et souvent une aggravation, surtout quand il n’y a pas de ville de faculté de médecine dans le département. C’est là aussi où on voit affluer le plus de médecins à diplôme étranger.
Quel regard portez-vous sur les choix des nouveaux médecins ?
Dans certaines spécialités, je le redis, on se rend compte que le renouvellement en libéral est nul. En dermatologie par exemple, les nouveaux libéraux inscrits en Ile-de-France, c’est zéro (en 2010) ! On peut s’interroger. L’Ordre constate aussi qu’il y a également beaucoup de postes hospitaliers vacants…
La situation est-elle critique ? Indiscutablement, l’évolution de la démographie médicale reste préoccupante. Pour l’Ordre, il faut casser cette spirale, cet emballement chez les jeunes qui fait qu’on ne veut plus de la médecine libérale et surtout pas de la médecine rurale. Il est urgent de mettre le projecteur sur les jeunes médecins qui s’installent malgré tout en libéral, parfois dans les campagnes, et qui expliquent qu’ils sont très heureux de ce qu’ils font ! Nous devons montrer les témoignages positifs des jeunes installés et amplifier la connaissance des dispositifs qui existent. Les facultés doivent accélérer le développement large des stages en médecine générale, amplifier les stages en établissement privé, par exemple pour la chirurgie. L’internat régional est une autre piste.
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