Le Quotidien des lecteurs

En finir avec les contre-vérités

Publié le 06/10/2011
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APT (84)

Dr JEAN-PAUL VALLON

J’adresse cette lettre à Madame la ministre Martine Aubry. Mes parents (paix à leur âme) seraient ravis d’apprendre que les citoyens ont financé dix ans de mes études de médecine, selon vos propos.

Je fais partie des privilégiés dont les parents ont pu assumer la totalité des études de médecine, sachant que, durant l’externat, je touchais environ 140 francs par mois, gardes comprises (celles-ci ayant été payées en plus à la suite de manifestations). Nombre de mes camarades, qui n’avaient pas ma chance, étaient obligés de faire des nuits et des week-ends en tant qu’infirmiers pour pouvoir financer logement et nourriture.

Le fond du problème est la désertification médicale, due à un non-remplacement de confrères prenant leur retraite dans le meilleur des cas ou bien, dans le pire, sur la touche pour maladie physique ou mentale (burnout).

Vous ne pouvez pas ignorer que moins de 10 % des lauréats des études médicales choisissent la médecine générale libérale. Pensez-vous augmenter les vocations en stigmatisant ainsi les derniers qui étaient susceptibles de nous remplacer ? Vous en débattrez avec les syndicats, dites-vous. Je pense que si vous commencez le débat avec de telles contre-vérités, celui-ci ne sera pas bien long.

Je vous prie d’agréer, Madame la ministre, l’expression de mes salutations consternées.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9019