DE NOTRE CORRESPONDANTE
Le Dr François Ducamp est généraliste à Salles Curan (Aveyron) sur le plateau du Lévezou depuis 1985. Mais en 2003 lorsque son unique confrère prend lsa retraite, il se retrouve le seul médecin à 20 km à la ronde pour un bassin de 1500 habitants et une population multipliée par 5 en été ! « Je passais mon temps à dire non aux patients, et ça devenait intenable. Je suis donc allé voir le maire et je lui ai dit, vous embauchez quelqu’un, sinon je dévisse ma plaque ».
En Midi-Pyrénées, le plateau du Levezou ne fait pas exception. Avec le territoire le plus étendu de France, une population dotée de l’une des meilleures espérances de vie et des départements particulièrement ruraux, la région cumule de sérieux handicaps en matière de démographie médicale. Dès 2005, la Mission Régionale de Santé avait même publié une liste de 25 zones déficitaires en médecins généralistes, concernant 87 000 habitants et 338 communes (en Ariège, dans le Gers, le Lot et l’Aveyron).
La dernière étude prospective de la Direction de la recherche, des étdes, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), avance même que la densité médicale aura chuté de 22 % dans la région en 2030. Avec de telles prévisions, les conditions de remplacement des médecins généralistes ne seraient plus assurées pour les dix prochaines années.
A Salles Curan, le départ du deuxième médecin a fait du territoire une zone sous médicalisée. Une apparente mauvaise nouvelle, qui a en réalité permis à la commune de bénéficier des dispositifs d’aides conventionnelles à l’installation qui émanent du FIQCS (fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins). Un sérieux coup de pouce qui a aidé à la construction de la maison de santé pluridisciplinaire.
Système d’accompagnement
Par ailleurs, le Conseil Régional qui consacre déjà plus d’un million d’euros par an à cette problématique, vient aussi de renforcer son dispositif de soutien. « Notre priorité est d’éviter toute fracture en terme d’offre de soins sur le territoire, voilà pourquoi nous proposons un système d’accompagnement complet qui concerne aussi bien les étudiants, que les libéraux et la construction de maisons de santé », décrit Martin Malvy, le président du Conseil Régional.
En moins de deux ans quatre structures pluridisciplinaires comme celle de Salles-Curan ont vu le jour et sept autres ouvriront leur porte d’ici fin 2009.
Les généralistes se voient par ailleurs proposer une prime de 8000 euros, à condition d’exercer pendant au moins 5 ans en zone sous médicalisée. Cette aide à l’installation ne connaît pourtant qu’un succès limité, « cela ne fait pas partie de la culture des professionnels de santé», constate Carole Delga, chargée de ce dossier au Conseil Régional.
Odile Angot jeune généraliste fait partie des rares médecins séduits par ce principe, elle s’installera à Catus un petit village du Lot dès la fin de son internat. « J’ai grandi à la campagne, c’est là que j’ai envie d’exercer mon métier. La prime à l’installation a vraiment compté dans ma décision, » raconte-t-elle.
Par ailleurs, le Conseil Régional a mis en place un partenariat avec les facultés de médecine de Toulouse afin d’inciter les étudiants à faire leurs stages en zone médicalement défavorisées grâce à un système de bourses. La région Midi Pyrénées compte à ce jour 140 maîtres de stage mais le doyen Daniel Rougé pointe des problèmes d’agréments dans les hôpitaux de proximité. « Deux ou trois hôpitaux sont en manque d’agréments en Midi-Pyrénées, c’est pourquoi nous relançons une vaste campagne. Par ailleurs, nous solliciterons la région pour financer deux postes de chefs de clinique supplémentaires d’ici 2010 dans ces établissements», explique-t-il.
La région finance enfin un système d’indemnité d’études pour les étudiants les moins favorisés à hauteur de 20 400 euros par étudiant sur cinq ans. En échange de cette indemnité, ces derniers doivent s’engager à exercer pendant 5 ans dans une zone déficitaire… sous peine de devoir rembourser !
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