Alors que le gouvernement réfléchit à des solutions pour faire face à la flambée du prix des carburants, la question est sensible chez les libéraux qui assurent des visites à domicile. À commencer par les médecins. Plusieurs syndicats assurent que « cette situation commence à peser de façon significative surtout pour les médecins en ruralité ». Le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, dit même craindre que dans ce contexte, « les médecins fassent moins de visites ».
Du côté de SOS médecins dont l'activité principale est centrée sur les visites à domicile, on assure que « cette hausse ne va pas empêcher les généralistes de poursuivre leurs déplacements auprès des patients ». En plein bras de fer avec le gouvernement pour « sauver la visite à domicile », la fédération assure ne pas vouloir porter de « revendication spécifique » liée à cet « épiphénomène ». « Le problème est plus profond », déclare le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS au « Quotidien ».
MG France, non plus, ne réclamera pas de compensation spécifique liée à cette nouvelle charge. Cependant, le syndicat de généralistes rappelle qu'il n'a pas attendu l'augmentation du prix de l'essence pour demander « une revalorisation des indemnités kilométriques qui n'ont pas suivi le coût de la vie ». « Ce contexte difficile met un peu en évidence le décalage entre les indemnités kilométriques bloquées depuis des années et des charges qui augmentent », avance-t-il.
Mais ces revalorisations tarifaires pourraient être négociées en 2022 dans le cadre de la prochaine convention médicale. Or cette date est trop éloignée pour la CSMF. La Confédération estime que l'État doit accompagner immédiatement les professionnels qui assurent le suivi et le maintien des patients à domicile. « Le chèque de carburant envisagé est une bonne idée mais ne concernerait pas les médecins », déplore le Dr Ortiz.
Aides directes ou négociation conventionnelle
Alors en plein examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le néphrologue de Cabestany incite le gouvernement à adopter « un amendement pour permettre aux partenaires conventionnels de négocier rapidement une revalorisation de la majoration du déplacement et des indemnités kilométriques » pour tenir compte de l'impact de la hausse des carburants.
Pour rappel, les médecins peuvent facturer aujourd'hui une majoration de déplacement de 10 euros ainsi que les indemnités kilométriques (0,61 euro par km pour la plaine et 0,91 euro en montagne). Des tarifs qui sont bloqués depuis dix ans.
À côté des médecins, les infirmiers libéraux qui effectuent la majeure partie de leur activité à domicile, réclament eux « des aides directes sous la forme de ristourne fiscale pour le service public rendu », indique Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Pour l'heure, l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS) qui représente douze * professions de libéraux de santé dit « ne pas avoir encore abordé cette question avec ses membres ». « Si la situation perdure, nous interviendrons », justifie le Dr William Joubert, président de l'UNPS.
* Audioprothésistes, biologistes responsables, chirurgiens-dentistes, masseurs-kinés, infirmiers, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, pharmaciens titulaires d'officine, sages-femmes et transporteurs sanitaires
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