DE NOTRE CORRESPONDANTE
CELA FAIT HUIT ANS maintenant qu’en PACA, l’union régionale des médecins libéraux (URML) et l’observatoire régional de la santé (ORS) ont créé un observatoire de la pratique médicale de ville s’appuyant sur les données recueillies auprès d’un panel de 600 médecins généralistes. En 2007, cet observatoire a été étendu à quatre autres régions françaises (Bourgogne, Pays-de-Loire, Bretagne et Basse-Normandie), à la demande de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la Santé. Et depuis le mois de juillet dernier, son panel est devenu national pendant que trois régions, dont PACA, continuent d’y être représentées spécifiquement. Au total, il couvre aujourd’hui plus de 2 000 médecins généralistes et permet de suivre de façon dynamique les évolutions de la médecine générale. Sont notamment ciblés l’emploi du temps du médecin et l’organisation de son cabinet, la prise en charge de la santé mentale, de la dépendance. Dans un autre registre, il permet de dresser un bilan de l’état de santé des médecins en France.
Dans les régions, entre 2007 et 2009, ce panel aura mobilisé les médecins avec 5 questionnaires consacrés à leur réseau professionnel, la prise en charge des personnes âgées dépendantes et l’état de santé physique des médecins. Sur ce dernier point, on constate en PACA que 4 médecins sur 5 considèrent leur santé comme bonne ou très bonne, cette proportion tendant à diminuer avec l’âge. Seuls 3 à 4 % des médecins se disent en mauvaise voire très mauvaise santé. Mais ces déclarations reflètent des situations très diverses. Il semble aussi exister chez les jeunes médecins de la région (jusqu’à 45 ans) et chez les plus âgés (45-54 ans) une différence notable de genre. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à se sentir en bonne santé. Mais dans toutes les régions, hormis chez les femmes jeunes, ils se déclarent en moins bonne santé que les cadres ou les professions intellectuelles auxquelles ils sont associés.
Phénomène notable en PACA : les troubles du sommeil, la fatigue et le stress sont particulièrement répandus chez les médecins. C’est vrai pour ceux qui se disent en mauvaise santé mais ça l’est aussi pour les autres. Globalement, 70 % se sentent fatigués, à 60 %, stressés et 35 % déclarent souffrir de troubles du sommeil.
Pourtant, il y a des éléments pour indiquer que les médecins prennent soin de leur santé : ils sont beaucoup moins nombreux à être en surcharge pondérale que la population active, ils pratiquent pour eux des actes de prévention ou de dépistage et la consommation de tabac est moins répandue chez les médecins que les autres actifs. Seule la part de fumeuses régulières chez les femmes médecins de PACA met à mal ce constat.
En revanche, la consommation de psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques, hypnotiques) s’avère particulièrement forte chez les jeunes médecins hommes de la région. Selon le critère retenu du Mental Health Inventory-Five, 13 % des médecins interrogés en PACA se trouveraient en détresse psychologique, soit la plus forte proportion enregistrée en France après la Bourgogne. Cette détresse concerne essentiellement des jeunes médecins, hommes et femmes réunis. Surtout chez ceux qui évoluent en milieu rural ou semi-rural et qui avouent une durée de travail avoisinant les 75 heures hebdomadaires.
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