IL N’Y A PAS que Nicolas Sarkozy qui a profité du congrès de l’AMF (Association des maires de France) pour parler de la démographie médicale (lire ci-dessous). Dans le cadre de cette manifestation, un débat a décortiqué mercredi la question « Que peuvent faire les maires ? ». Y participaient notamment le sénateur Jean-Marc Juilhard, auteur d’un rapport sur les maisons et pôles de santé, le Dr Patrick Romestaing, membre du Conseil national de l’Ordre des médecins, Philippe Obrecht, représentant du ministère de la Santé et Gérard Pelhate, président de la MSA (Mutualité sociale agricole).
Ouvrant la discussion, Isabelle Maincion, maire de La-Ville-aux-Clercs, dans le Loir-et-Cher, a dressé un triste constat de la situation, pointant du doigt « la répartition très inégale des professionnels de santé sur le territoire », le départ à la retraite anticipé de nombreux praticiens, et « le désamour des jeunes » pour l’exercice libéral en général et pour les zones rurales en particulier. Tous les intervenants ont mis en avant les projets ou réalisations en matière de meilleure répartition des professionnels de santé sur le territoire, qu’il s’agisse des regroupements en maisons de santé pluridisciplinaires, des stages de formation en zones rurales, des mesures incitatives (mises en place par l’État, l’assurance-maladie ou les collectivités territoriales), des SROS ambulatoires auxquels doivent s’atteler les ARS, ou encore du prochain développement de la télémédecine. Rien n’y a fait, et des broncas se sont même spontanément produites lors d’une prise de parole un peu soporifique. Car les nombreux élus présents, reprenant à leur compte la déclaration du Dr Patrick Romestaing qui estimait qu’« il y a eu suffisamment de constats, l’heure est à l’action », semblaient attendre plus des différents intervenants.
Le maire d’un petit bourg du Cantal, par ailleurs médecin, a ainsi pris la parole pour souligner « la lourde responsabilité de l’État dans la crise démographique médicale », et proposer qu’il soit interdit aux médecins libéraux d’exercer comme remplaçant « plus de trois ou quatre ans » afin de les inciter à s’installer. Un autre maire de l’Oise, lui aussi généraliste, a ouvertement regretté que l’augmentation du numerus clausus dans sa région n’ait rien changé au problème : « Des étudiants viennent chez nous pensant qu’ils y obtiendront plus facilement leur diplôme. Et une fois qu’ils l’ont obtenu, ils vont exercer ailleurs. » Un troisième maire, élu du département du Cher, a expliqué que seuls deux généralistes exercent dans sa commune : « L’un des deux part à la retraite au mois de mars, et l’autre m’a prévenu que s’il se retrouvait seul, il dévisserait sa plaque. Que puis-je faire ? Mes administrés me collent la pression pour que je trouve une solution, où puis-je m’adresser » ? Le représentant de l’Ordre lui a suggéré de prendre contact avec l’Observatoire de veille démographique récemment mis en place par les soins de son institution, et qui tente de mettre en contact des professionnels de santé à la recherche d’une implantation et des élus locaux.
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