Le syndicat des médecins anesthésistes réanimateurs non universitaires (SMARNU) vient de publier son cinquième livre blanc ; une initiative importante, explique cette organisation, alors que se discute la loi Bachelot qui va ouvrir une « période nouvelle » pour le monde hospitalier.
Les anesthésistes réanimateurs s’inquiètent du mode de financement de leur spécialité à l’hôpital public. Ils demandent en conséquence une codification spécifique et autonome « vis-à-vis de l’acte chirurgical ». Mais le système de rémunération ne peut reposer exclusivement sur l’activité, estiment-ils : « des indices mesurables de qualité, de besoins satisfaits en offre de soins, de temps médical passé, d’obligation de permanence de soins doivent être introduits sur la base de critères reconnus par la profession ».
S’agissant plus spécifiquement de la réanimation, le SMARNU estime que la « complexité des patients et des soins qu’ils nécessitent, réclame une codification qui rende le service médical rendu (SMR) non financièrement pénalisant pour l’établissement qui assure cette activité, et une participation financière des établissements, en particulier privés, qui leur adressent des patients les plus complexes, notamment en post-opératoire ». Par ailleurs, l’activité des unités de soins continus (USC) situées dans des centres non pourvus de réanimation doit être reconnue et leurs actes rétribués selon une codification spécifique de la classification commune des actes médicaux (la CCAM).
L’apport des communautés hospitalières territoriales.
Les problèmes démographiques sont un souci évident et prioritaire pour les centres hospitaliers non universitaires, estime le SMARNU. « La crise démographique à l’hôpital est avant tout une crise de l’anesthésie réanimation au centre hospitalier non universitaire » affirme le livre blanc. Cette situation a provoqué une restructuration de plateaux techniques avec fermeture ou regroupement d’hôpitaux de proximité mais a touché également, selon ce document, de grosses structures dont l’activité est proche ou même dépasse celle du CHU voisin. Et le danger est grand d’une désertification médicale hospitalière non plus marginale mais qui touche l’ensemble d’un territoire de santé. Face à cette situation, le SMARNU milite en faveur de la mise en place rapide de communautés hospitalières de territoires (CHT) avec un établissement référent. Ce qui doit permettre de regrouper les activités des plateaux techniques. Une telle mesure que le SMARNU réclame depuis quinze ans, dit-il, « aura un effet bénéfique sur la démographie au niveau régional, mais à la condition que les CHU ne restent pas les hôpitaux de référence, seuls détenteurs des services de réanimation ». Les disparités démographiques peuvent être également atténuées par des mesures incitatives, note le Livre Blanc : bourse d’étude significative pour ceux qui s’engageront à assurer quelques années en zone démédicalisée (ainsi que le prévoit d’ailleurs le projet de loi Bachelot) ; rémunération différenciée des postes de PH en fonction du degré de médicalisation de la zone ; point IRCANTEC (retraite complémentaire) supplémentaires si installation en zone démédicalisée ; non-création de postes supplémentaires en zone déjà surdotées.
En revanche, le syndicat n’est guère favorable à la délégation de tâches en faveur des infirmiers d’anesthésie diplômes d’État (IADE) : transférer des activités à ces personnels, précise le Livre blanc, « ne résoudra en rien les problèmes démographiques médicaux, d’autant que cette profession connaît les mêmes problèmes démographiques et cette pratique ne garantirait plus les mêmes qualités et sécurité de soins de tous les patients pris en charge ».
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