APRÈS AVOIR organisé fin mars un colloque sur la désertification médicale, mobilisant les maires mais aussi des professionnels de santé et des experts, l’AMF réunie en bureau est passée à la deuxième étape : l’interpellation directe du gouvernement.
Le temps presse. De plus en plus de maires jugent « catastrophiques » les perspectives d’évolution de la présence médicale dans certains territoires ruraux ou urbains sensibles, sous le double effet de la diminution du nombre de praticiens jusqu’en 2020 et du peu d’appétence de la jeune génération pour l’exercice libéral de proximité. Alors que les patients se tournent vers leurs élus locaux pour conserver des médecins de proximité, l’AMF hausse le ton, mais en y mettant les formes. « Nous avons affirmé le principe de l’équité de traitement des territoires pour garantir partout une offre de soins de qualité, explique au « Quotidien » Jacques Pélissard, président de l’AMF et député UMP du Jura. Dans ce contexte, nous demandons aujourd’hui au gouvernement de procéder à une double évaluation : d’une part les maisons de santé et d’autre part l’ensemble des mesures incitatives [primes, bourses, exonérations fiscales, bonus sur les honoraires, guichet unique, cumul emploi retraite...] qui ont été mises en place aussi bien par le gouvernement que par les collectives locales. » Sur ces bases, l’AMF agite cette fois l’épouvantail de mesures plus autoritaires. « S’il s’avère que les dispositifs incitatifs sont insuffisants, ce que je crains, il faudra bien organiser une meilleure régulation de la répartition de l’offre », avance Jacques Pélissard, concédant que « qui dit régulation dit approche plus cœrcitive ». Lors du bureau de l’Association, certains maires ont souligné les délais d’attente « interminables » pour obtenir un rendez-vous chez le spécialiste, la moyennne d’âge « élevée » des médecins dans leur canton ou encore l’échec de certaines maisons médicales « qui sont parfois des coquilles vides ».
Mais l’AMF ne veut pas surtout pas mettre la charrue avant les bœufs. À ce stade, elle ne recommande officiellement aucune entorse à la liberté d’installation ni mesure contraignante forçant les jeunes médecins à exercer dans un secteur déshérité en début de carrière, par exemple. Le récent colloque de l’AMF sur la désertification a confirmé que la profession est vent debout contre les mesures autoritaires, admet Jacques Pélissard. « Le ministre est en train de faire des réformes sur ce sujet, il n’est pas question de heurter la profession de front. » Mais du moins d’évaluer l’existant avant, si besoin, de changer de braquet.
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