Pouilly-en-Auxois (21)
Dr Pierre-Marie Giroux
La proposition de loi Vigier prévoit des mesures autoritaires, pour lutter contre la désertification médicale dans les campagnes. Le député du Nouveau Centre fait sortir les loups du bois. Le Centre est toujours prêt à discuter, prêt au compromis, mais là, pas question de discuter. On va se demander si ce « Nouveau Centre » ne serait pas favorable à une dictature, particulièrement à l’encontre des médecins libéraux qui osent encore revendiquer la liberté d’installation !
Mais finalement, le haro sur les médecins libéraux est unanime : de Courson (Nouveau Centre), Poletti, Domergue, et Morel-A-L’Huissier (tous UMP), enfin Christian Paul (PS) se trouvent tous d’accord comme larrons en foire ! Et le député UMP de Lozère, Pierre Morel-A-L’Huissier, assène le coup de grâce à ces pauvres médecins qui n’ont pas compris que le professionnel libéral n’a plus sa place dans notre société. Il met les points sur les « i », je cite : « Certains praticiens parlent de liberté d’installation, ce n’est pas le problème. La MÉDECINE N’EST PLUS LIBÉRALE, elle est salariée de la Sécurité sociale. » Il poursuit : « D’ailleurs neuf médecins sur dix veulent être salariés. » C.Q.F.D.
La démonstration est simpliste et messieurs les députés devraient prendre conscience que les problèmes liés à la santé ne peuvent se résoudre comme un simple problème de mathématiques.
Depuis des années, je préviens mes patients de ce que la médecine libérale est promise à une mort certaine, et je leur dis : après cela, ce ne sont pas les médecins qui seront les plus à plaindre, mais vous les patients.
Patatras !
Compiègne (60)
Dr Georges Jung
Compiègne-Oise-Picardie : ville dynamique à taille humaine ; université renommée ; Paris et Roissy à moins d’une heure, la mer à 1 h 30 ; riche patrimoine historique ; forêt exceptionnelle.
Compiègne : infrastructure médicale de haut niveau, très bien notée, avec son hôpital et sa clinique.
Compiègne : faute de successeur, fermeture totale d’un cabinet de groupe de 5 généralistes, bien placé, bien équipé, activité ni démentielle ni désœuvrée.
Patatras ! Toutes les théories en vogue sur la désertification médicale s’écroulent devant les faits. Les « jeunes » veulent être en groupe, pas seuls ; en ville, pas en rural ; ils ne connaissent pas l’exercice… Or il s’agit d’un cabinet de groupe, en ville, et dans la zone de Picardie qui a le plus de maîtres de stage !
Le rabâchage actuel sur la désertification, faute d’un diagnostic pertinent, abouti à se focaliser sur des maisons de santé pluridisciplinaires ne répondant aux problématiques que d’une faible proportion de médecins et de la population, car économiquement non généralisables ou non pérénisables.
La question est à trois étages : il faut que les internes aient envie de choisir la spécialité médecine générale ; qu’ils aient envie d’exercer leur spécialité sous statut libéral ; qu’ils s’installent là où c’est pertinent.
Or quelle lisibilité leur offrent les récents choix politiques et conventionnels ou programmatiques ?
Concernant la nature même du métier de généraliste : dépeçage progressif du contenu médical de l’activité par dérive des délégations de tache aux paramédicaux et structures diverses ; hypertrophie du rôle de gestionnaire administratif de dossier et de parcours de soins sans avoir là les moyens pour déléguer ; dérive de plus en plus loin du patient vers un pseudo-rôle de DRH d’équipe soignante. Pour certains, jeunes ou anciens, cela est motivant. Mais globalement beaucoup ont compris que cela n’a plus rien à voir avec ce qui fait sens et utilité du généraliste dans un système de soins, à savoir la fonction de médecin traitant. Le message est d’autant plus net que bien que leur accordant le titre de spécialiste, la collectivité n’a aucune intention de leur en donner les honoraires et moyens.
Concernant l’exercice sous statut libéral : salarié, on peut exercer une excellente médecine mais la réalité est que le maillage généraliste du territoire est sous statut libéral. Sauf nationalisation-indemnisation-fonctionnarisation de l’existant, on ne peut laisser crever à petit feu et sans successeur les cabinets libéraux. Quels messages sont envoyés sur l’avenir du médecin libéral conventionné ? Protection maladie-maternité-chômage-accident du travail ; repos de sécurité-repos compensateur-durée de travail ; garantie d’emploi ; niveau de retraite : avantages de plus en plus nets au salariat. Pour l’entreprise : blocage des honoraires 5 ans, contraintes majorées (informatique, normes, gestion…). Les jeunes perçoivent qu’à l’avenir, l’entreprise libérale ne survivra que par une augmentation du temps de travail déjà excessif, un cumul des postes (comptable, ménage, secrétariat…) et une faible protection sociale ou une dysqualité de l’exercice.
Concernant le lieu d’installation : hormis la situation professionnelle du partenaire de vie qui a plus d’importance que jadis, les déterminants du lieu d’installation ont peu changé. Aide ou pas, groupe ou pas, il y a toujours des jeunes pour s’installer et se fixer en rural ou dans le nord. Mais le pool de ceux qui veulent s’installer s’est effondré pour les raisons précédentes, d’où la pénurie par non-relève des anciens. La possibilité de se voir un jour localement imposer soit d’intégrer soit d’être en concurrence inégalitaire avec une maison de santé pluridisciplinaire n’encourage pas à s’investir dans une création ou une succession. Le pôle de santé local est une réponse plus adaptée mais il n’est que coquille vide, alibi pour donner le change.
Les jeunes ont la vocation comme les anciens. Ils ne l’ont pas plus épicurienne que les anciens l’auraient sacerdotale et sacrificielle. Donnons par des signes concrets une autre lisibilité de l’avenir et jeunes et vieux se réinstalleront en médecine générale sur l’ensemble du territoire.
Le respect des rythmes biologiques
Saint-Léger du Bourg-Denis (76)
Dr Michel Lenois
Peut-être faites-vous partie de ces millions de Français petits et grands perturbés par le changement d’heure au printemps et à l’automne ? De ceux qui ne savent jamais dans quel sens bouger les aiguilles du réveil ? De ceux qui se demandent à chaque fois s’ils vont bien dormir une heure de plus ou de moins ? Réjouissez-vous, votre sort va bientôt s’améliorer ! Du progrès a enfin été fait dans le respect des rythmes biologiques.
En effet, dans le but de minimiser, de lisser l’impact de ce changement biannuel tant décrié, une commission de simplification vient de décider d’étaler dans le temps l’heure ajoutée ou supprimée. À partir du dimanche 25 mars de cette année (dernier dimanche du mois et donc date de changement d’heure du printemps), l’heure de décalage sera fractionnée en trois fois 20 minutes. Le 25 mars donc, à 3 heures du matin, il sera officiellement 3 h 20 min et vous devrez vous lever 20 minutes plus tôt, ce sera supportable. Le 25 avril à 3 h 20, il sera 3 h 40, encore 20 minutes de sommeil en moins, cela se fera dans la douceur. Et le 25 mai à 3 h 40 vous passerez à 4 heures pile ! Quel progrès ! Espérons que le service de planification des horaires de la SNCF a été prévenu…
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
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