DE NOTRE CORRESPONDANTE
ALORS QUE LE DÉBAT sur la liberté d’installation des médecins fait rage, la région PACA tente de trouver des solutions pratiques pour permettre un accès aux soins dans ses territoires les plus reculés. Car même si cette région est, en moyenne, la plus dense médicalement (370 médecins pour 100 000 habitants contre 239 en Picardie...), personne ne se bouscule pour aller exercer dans le Queyras ou sur le plateau de Sault dans le Vaucluse et remplacer les médecins sur le point de partir à la retraite. Pour éviter l’émergence de déserts médicaux dans cette région très disparate en terme d’accès aux soins, l’ARS PACA, dirigée par Dominique Deroubaix, a créé une commission spécifique (offre de soins et de services de proximité) en partenariat étroit avec la préfecture de la région et le conseil régional. Une charte d’engagement réciproque a été signée associant les services de l’État, les professionnels de santé, les facs de médecine ou autres institutions. « L’idée, c’est de mettre en cohérence l’offre de proximité - accès aux soins, répartition des médecins - dans la région et de définir un principe d’action coordonné, explique Norbert Nabet, directeur adjoint de l’ARS PACA ».
Les aides existent, mais elles sont méconnues.
C’est dans cet esprit que les services de l’État et ceux du conseil régional collaborent pour créer des maisons régionales de santé, là où c’est utile. D’autres mesures sont encouragées comme le contrat d’engagement de service public (CESP). Il s’agit d’inciter les futurs médecins à s’installer dans des zones sous médicalisées. Étudiants ou internes, ils touchent 1 200 euros bruts mensuellement sous réserve de s’engager dans ces territoires, pour une durée équivalente à celle où ils auront perçu leur indemnité. Seize cantons ont été définis dans la région comme des « espaces de santé de proximité fragiles », qui risquent de ne plus avoir de médecin d’ici peu : les Saintes Maries de la mer dans les Bouches-du-Rhône, Sault dans le Vaucluse, Aups dans le Var, Seyne, Saint-André-les-Alpes, Annot et Castellane (Alpes-de-Haute-Provence), l’Argentière-la-Bessée, Aiguilles, Serres (Hautes Alpes) et six autres dans les Alpes-Maritimes.
Six étudiants ont signé ce CESP dans la région entre Marseille et Nice. Le nombre des candidatures est encore faible mais la région espère qu’avec une information plus conséquente, d’autres étudiants seront intéressés. « Je veux faire de la médecine générale dans la campagne, explique Fabien, étudiant en troisième année et signataire d’un CESP. Mais ma motivation est aussi financière ».
D’autres mesures incitatives, négociées dans le cadre de la convention médicale, vont dans le même sens. Encore faut-il les promouvoir sur le terrain. L’assurance maladie propose ainsi aux médecins des aides à l’installation dans ces mêmes zones fragiles éligibles. « Outre ce dispositif que nous sommes en train de négocier avec les médecins, nous disposons aussi de l’option santé solidarité, assure Gérard Bertuccelli, directeur général de la CPAM des Bouches du Rhône. Les médecins ne s’installent pas dans ces zones mais peuvent venir donner un coup de main à l’occasion. Ils s’engagent à venir travailler dans ces secteurs déficitaires au moins 28 jours par an, moyennant une rémunération complémentaire. » Des réunions spécifiques pour expliquer ces deux dispositifs ont été mis en place dans les Bouches du Rhône en partenariat avec les syndicats de médecins signataires de la convention médicale.
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