Vos plus grands moment de solitude

Le compagnon disparu, plein le dos, fissure anale...

Publié le 29/12/2015

 

Le compagnon disparu

Une patiente qui consulte pour la première fois, me paraît bouleversée par la très récente disparition de son animal de compagnie : un chat.
D’emblée, j’essaie de relativiser cette perte en lui disant, je ne sais pas pourquoi, « que la perte d’un être cher était terrible mais qu’il lui fallait peut-être relativiser et penser qu’il y avait plus terrible encore comme, par exemple, la perte d’un enfant... » Elle me regarde les yeux brillants et me dit : « Oui, je sais, l’année dernière, j’ai perdu un fils après une longue maladie ainsi que mon mari que j’ai assisté jusqu’au bout... »
Petit silence... grand moment de solitude…
De ce jour, j’ai compris qu’il n’y avait pas de graduation dans le « support affectif » et que, privé de celui-ci, le patient qui subit une perte peut être figé de douleur, voire inconsolable. Mes mots n’ont sans doute pas été bien choisis, seule mon oreille et mon regard de compassion lui ont été bénéfiques durant cette consultation. J’ai eu l’occasion de la revoir plus tard, en consultation, plus sereine.

Dr Jean-Claude Doukhan


Plein le dos 

Une patiente de 65 ans vient, sur 3 mois, à l'officine avec des ordos pour la douleur. Elle se plaint énormément du dos, de plus en plus, une patiente des plus fidèle avec en historique rien de particulier.
Puis un interne de l’hôpital lui prescrit du FEMARA. Je lui demande pour quelle raison elle a consulté ? Elle me répond  : « Toujours mon dos. »
Surpris, je lui explique que je dois mal lire l'ordo. « Je vais appeler le prescripteur, il vous a prescrit un médicament anti-cancéreux ». Quand elle m'annonce qu'il y a 20 ans elle a été soignée et guérie d'un cancer du sein et qu'il semblerait que ce soit une récidive avec des métastases... Je me suis bien senti seul !!!

Dr M. B.


Fissure anale

À l'occasion d'une consultation d'un nourrisson amené par sa maman, j'explique à cette jeune femme que pour la petite fissure anale de son bébé, il faut, entre autres, donner un laxatif à l'enfant pour ramollir les selles et laisser le temps à la marge anale de se réparer sans subir le « passage » de selles dures.
J'ai alors dit à la maman de l'enfant qu'il faut démarrer un « traitement de fion »… Au lieu de traitement de fond…

Dr Jean-Marie Destelle


La grand-mère

Une consultation difficile, car l'enfant était impossible à examiner, il était agité, bruyant, impoli, malgré les remontrances de la charmante dame qui l'accompagnait.
« Ecoute ta grand-mère », lui dis je. C'était sa mère !

Dr J.H. Talbot


Ischémie aiguë sensitivo-motrice dépassée...

J'ai eu à traiter en urgence, par une amputation de cuisse, une jeune femme obèse de 36 ans dont la grossesse et l'accouchement de son 4e enfant avaient abatardi et retardé le diagnostic d'une artériopathie sévère du jeune tabagique.
Elle était arrivée aux Urgences en ischémie aiguë sensitive et motrice : un membre inférieur paralysé avec gangrène de jambe. Après concertation médicale partagée avec la famille, l'amputation a été le seul recours thérapeutique.
Avant sa sortie de réanimation, au 5e jour post-opératoire, l'aîné de ses enants, un adolescent de 13 ans avait demandé à me parler en tête à tête. Son père, à qui j'expliquais en ce jour-là les bonnes suites opératoires à la faveur de sa jeunesse, fut interloquée par cette demande et moi embarassé.
J'avais acquiescé de la tête et du regard échangé avec le papa. Le père voulut l'acompagner. L'enfant insista : « En tête à tête. »
Je le reçu dans mon bureau pendant que le père avec le nourisson et deux autres enfants de la fratrie patientèrent dans la salle d'attente.
Il posa plein de questions pour comprendre le pourquoi et le comment de l'état de santé de sa maman. J'avais répondu le plus clairement possible dans le langage et les anaphores que peut comprendre un adolescent de son âge. Il avait compris que la vie de sa maman passait par cette opération et que, dans quelques semaines, avec la rééducation, elle allait réapprendre à marcher. Il me sera énergiquement la main au moment de se quitter et jura que : « PLUS JAMAIS JE NE LUI LAISSERAI PRENDRE ENCORE UNE CIGARETTE. »

Dr Pedro Nangou



Source : lequotidiendumedecin.fr