Isabelle Maincion est maire (UDI) de la Ville-aux-Clercs (Loir-et-Cher) et rapporteure de la commission santé de l’Association des Maires de France (AMF, en congrès jusqu'au 22 novembre, à Paris). « Dans le discours de la ministre de la Santé, il n'y a pas un mot pour les élus, ni pour les collectivités territoriales », se désole-t-elle. Elle défend à titre personnel le conventionnement sélectif des médecins en zone surdotée. « Aujourd'hui, le temps presse », met-elle en garde.
LE QUOTIDIEN : Agnès Buzyn vient de donner le coup d'envoi officiel du plan « Ma Santé 2022 ». Ces dispositifs sont-ils de nature à lutter contre la pénurie médicale ?
ISABELLE MAINCION : Ce lundi matin, Agnès Buzyn nous a en effet présenté les principales mesures du plan Santé 2022. Recrutement de 400 médecins salariés dans les zones médicalement déficitaires, recrutement d'assistants médicaux, développement des consultations avancées… Ces quelques mesures vont dans le bon sens car elles favorisent l'organisation des soins pour répondre au manque de médecins.
Mais je ne vous cache pas ma grande déception ! Dans le discours de la ministre sur la santé, il n'y a pas un mot pour les élus, ni pour les collectivités territoriales. Or, si les maisons de santé ont pu être créées et maintenues dans certaines zones, c'est en partie grâce aux engagements des collectivités territoriales, alors que ce n'est pas de notre compétence.
Comment peut-on "plaquer" l'organisation de l'offre de soins sans un rapprochement avec l'aménagement du territoire, qui est sous la responsabilité des régions, des communautés de communes et des départements ? Certes, nous avons été beaucoup écoutés, nous avons une "chaise" mais nous n'avons hélas aucun rôle à jouer…
Que demande l'Association des maires de France (AMF) qui organise son 101e congrès ?
Sur les mesures qui nous concernent comme la structuration territoriale du réseau de soins de proximité ou l'organisation des soins non programmés, nous souhaitons être pleinement associés au comité de pilotage et de suivi. Tous ces points seront discutés mercredi lors d'une table ronde du congrès. Les élus sont en attente de réponses.
Face aux difficultés d'accès aux soins, certains élus rivalisent de générosité pour attirer les praticiens. Cela crée parfois une concurrence entre les communes. Que pensez-vous de ces initiatives ?
Cela traduit le désespoir de certains maires et de leurs administrés. Je suis très inquiète car cela va encore s'aggraver. Beaucoup de médecins vont partir à la retraite. Pour éviter cette situation, il faut instaurer un dialogue permanent et régulier entre l'État, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales. Ce n'est pas le cas.
En tout cas, nous, collectivités territoriales, sommes prêts à assumer notre responsabilité pour lutter contre les déserts médicaux. Pour les jeunes médecins, nous devons par exemple créer de bonnes conditions pour favoriser leur installation ainsi que celle de leur conjoint en les accompagnant dans la recherche d'un emploi.
Des élus réclament des mesures coercitives, parfois transitoires. Êtes-vous favorable au conventionnement sélectif dans les zones surdotées en médecins ?
L'Association des maires de France n'a pas encore pris de position commune sur cette solution clivante. Mais aujourd'hui, le temps presse ! Le plan Macron ne portera ses effets que dans quelques années. En attendant, on fait quoi ?
En ce qui me concerne, sans contraindre les médecins à s'installer dans une zone désertifiée, je suis favorable à ne pas conventionner ceux qui choisissent d'exercer dans les zones sur denses.
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