CHER au Dr Éric Henry, du Syndicat des médecins libéraux (SML), le projet du « médecin volant », qui consiste pour des médecins installés ou remplaçants à aller effectuer des vacations dans des zones sous-dotées en offre de soins, est en passe de trouver un premier terrain d’expérimentation.
À Belle-Île-en-Mer, située à une bonne quinzaine de kilomètres des côtes du Morbihan (Bretagne), l’offre de soins se raréfie depuis longtemps. Elle est récemment tombée à trois médecins généralistes, dont un praticien exempté de permanence des soins, et la démographie pourrait encore chuter dans les prochains semestres. Or l’île, qui ne compte que 5 000 habitants à l’année, connaît en été des pics de fréquentation très élevés - jusqu’à 35 000 personnes. « La PDS devenait ingérable, l’exercice de la médecine libérale aussi, car trois médecins, c’est totalement insuffisant », commente le Dr Éric Henry, père du concept du médecin volant et secrétaire général de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) de Bretagne. Le généraliste ajoute que du fait de la baisse des effectifs et des difficultés à trouver des volontaires pour effectuer les gardes de PDS, « l’ambiance est assez tendue sur l’île entre les différents acteurs de santé ».
1 050 euros par vacation.
En liaison avec l’Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne, l’URPS a élaboré un projet inspiré du médecin volant du SML, et visant à prêter main-forte aux trois derniers médecins de l’île. Un « pôle » de 20 généralistes du continent, tous volontaires, a été constitué. À tour de rôle, entre le 16 avril et le 4 novembre, ces médecins (qui sont installés pour les deux tiers et anciens installés revenus au remplacement pour le dernier tiers) viendront effectuer une vacation...de 24 heures à Belle Île. Chacun arrivera à 8 heures sur l’île par le premier bateau, et travaillera durant la matinée dans les services de l’hôpital local. À partir de 14 heures, ils feront des consultations dans un cabinet libéral installé dans la petite structure hospitalière, et à partir de 20 heures, jusqu’à 6 h 30 le lendemain, ils effectueront des actes de PDS et d’AMU avant de retourner sur le continent par le premier bateau. « La rémunération est attractive, mais en plus des consultations, ces volontaires devront travailler pour le SAMU, la PDS, les 12 lits de médecine de l’hôpital, les 15 lits de soins de suite, et les 65 lits d’EHPAD » précise le Dr Henry. Elle est fixée à 1 050 euros par vacation.
À l’ARS, on confirme cette information mais on précise que, vu le coût de l’opération, il ne s’agit pas à proprement parler d’une expérimentation mais plutôt d’« une réponse à un problème urgent ». Quant au financement de ces médecins volants, il se fera grâce au « redéploiement d’enveloppes existantes (PDS, AMU, prestations libérales hospitalières), le reste étant garanti par l’ARS », qui versera le budget nécessaire à l’hôpital local. « Cela revient nettement plus cher qu’un médecin habituel, commente l’ARS, et si nous faisons cet effort, c’est que l’été approche », avec ses cohortes de vacanciers.
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