Très en pointe dans la mobilisation contre la loi de santé, la Bretagne se prépare à deux nouvelles journées « santé morte », aujourd’hui et demain. Les collectifs pour l’organisation et la défense du territoire de santé (CODTS) des pays d’Iroise et des Abers prévoient des fermetures massives des cabinets libéraux.
Le Dr Adrian Combot, généraliste à Lannilis (Finistère), président du CODTS du pays des Abers, n’en revient pas. « Nous avons tenu notre assemblée générale constitutive le 10 juin, nous sommes toujours en cours de création, et sur un simple mail que j’ai adressé à mes confrères généralistes, 87 % d’entre eux (soit 60 généralistes) m’ont répondu qu’ils étaient d’accord pour fermer leur cabinet les 2 et 3 juillet ». Le CODTS du Pays d’Iroise arrive presque au même score. À ces dates, 80 % des généralistes (soit 63 praticiens) du secteur rangeront leur stéthoscope.
Les patients ont été prévenus. Le Dr Combot assure que – dans leur immense majorité – ils soutiennent les praticiens. La permanence des soins sera assurée, pour des raisons de responsabilité juridique.
Le Dr Combot, après avoir consulté des juristes, a estimé que la responsabilité du CODTS pourrait être engagée si cette mission de service public n’était pas assumée par les libéraux. « Si nous avions été une simple coordination sans existence juridique, ça aurait été différent », analyse-t-il.
Cafouillages
Tant en pays des Abers qu’en pays d’Iroise, les critiquent portent en priorité sur la généralisation du tiers payant et le risque de perte d’indépendance professionnelle. Sans surprise, les responsables des collectifs dénoncent « les cafouillages administratifs » en matière de dispense d’avance des frais. Au-delà, ils estiment que « la loi de santé, loin de défendre les plus pauvres, met en place tous les éléments d’une privatisation cachée de l’assurance-maladie par le transfert des coûts vers les mutuelles ».
Très remonté, le Dr Combot n’exclut pas d’autres actions, pourquoi pas plus musclées, à l’automne.
La Bretagne joue comme souvent un rôle d’aiguillon dans la contestation médicale. Sous la houlette du Dr Nikan Mohtadi, généraliste à Quimper, des CODTS essaiment un peu partout. Celui de Quimper avait organisé deux journées santé morte les 16 et 17 juin avec 42 cabinets généralistes fermés (sur 44).
D’autres collectifs achèvent de se mettre en place à Vannes, Quimperlé, Saint-Malo, Vitré, et dans le Centre Finistère.
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