Comment améliorer la répartition des médecins sur le territoire et rendre plus attractive la médecine générale ?
Pendant quatre heures, les porte-parole « santé » de François Fillon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ont présenté les mesures concrètes portées par leur champion lors d'un colloque sur les soins primaires organisé par MG France à Paris.
S’agissant de la lutte contre les déserts médicaux, le Pr Alfred Spira, porte-parole de Benoît Hamon, annonce « une mission nationale d’accès aux soins » chargée « d’analyser les problèmes au niveau des micro-territoires ». Une manière d'adoucir les intentions du candidat de la gauche de ne pas accorder le conventionnement aux médecins libéraux qui visseront leur plaque en zone surdotée. « Cette mesure n’entrave en rien la liberté d’installation du médecin, qui peut toujours choisir de s’y installer », a tenté de rassurer Benoît Hamon, qui encourage le développement de maisons de santé pluridisciplinaires.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon envisage également le non-conventionnement des médecins en zones surdotées, mais en « ultime recours », assure son porte-parole santé Noam Ambrourousi. Le candidat de « la France insoumise » soutient la création d’« un corps de 10 000 médecins fonctionnaires » pendant le prochain quinquennat, lesquels seraient rémunérés durant toute la durée de leurs études, environ 1 700 euros par mois, soit « un niveau plus élevé que l’actuel contrat d’engagement de service public (1 200 euros) ». Plutôt que le libéral, Jean-Luc Mélenchon souhaite développer l'exercice salarié dans les « 4 000 nouveaux centres de santé pluridisciplinaires » qu'il souhaite créer.
Le sénateur et médecin Michel Amiel a mis en avant les « 2 000 maisons de santé » promises par Emmanuel Macron, tout en insistant sur la nécessité de « trouver les incitations pour les faire venir ». L'une de ces pistes pourrait être le service civique de trois mois (pour des actions de prévention dans les écoles et les entreprises) que le candidat d'En Marche propose aux 40 000 étudiants en santé.
Un numerus clausus à desserrer
Une réforme des études médicales s'avère incontournable. Représentant le candidat de la droite, Jean Leonetti prône un « concours classant régionalisé » et des stages en médecine générale « relevant du véritable compagnonnage ».
Concernant la formation médicale, le représentant d'Emmanuel Macron estime qu’il faut « desserrer » le numerus clausus et revoir surtout les modalités de sélection en lâchant notamment du lest sur les critères scientifiques. « Pourquoi un étudiant qui ne serait pas fort en chimie ne pourrait-il pas faire médecine ? », s'interroge le Dr Amiel. Noam Ambrourousi soutient également une augmentation du numerus clausus « de façon raisonnée », « selon les besoins », et « en privilégiant la médecine générale ».
Au moment de conclure le colloque, le Dr Claude Leicher, président de MG France, a appelé les candidats à s’engager davantage sur des mesures chiffrées. « Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut des soins de proximité, un virage ambulatoire ou mieux utiliser l’hôpital. Ce qui nous manque, ce sont surtout les moyens », a-t-il rappelé. Sur la proposition du syndicat d’engager un fonds d’intervention de 5 milliards d’euros en faveur des soins primaires, les représentants des candidats ont joué la carte de l’esquive. Pour Noam Ambrourousi, les soins de premier recours ne seront pas oubliés mais il n’y aura pas de fond dédié avec Jean-Luc Mélenchon. Du côté de François Fillon, ces éventuels 5 milliards seraient consacrés uniquement aux regroupements pluridisciplinaires en zones sous-dense. « Vous devez dire à cos candidats d’investir sur les soins primaires », ponctue le Dr Leicher.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique