« JEUNES généralistes installés et rémunération sur objectifs de santé publique : un jeu de hasard ? ».
La question, provocatrice, est posée par le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (REAGJIR). Le syndicat affirme, enquête à l’appui, que le système du paiement à la performance, peu lisible au demeurant, pénalise exagérément les nouveaux médecins.
Les premières primes ont été versées en avril. Les généralistes (hors MEP) disposant de plus de 200 patients ont bénéficié d’un bonus moyen de 5 365 euros au titre de ce P4P à la française (Quotidien du 15 avril). Au total, pas moins de 50 000 généralistes ont touché une prime...
Les deux tiers des installés de 2012 n’ont rien perçu.
Las, REAGJIR explique avoir reçu dès avril de nombreux messagesde la part de jeunes généralistes déconcertés par un système jugé peu transparent, ou ne comprenant pas le montant de leur propre résultat. Certains témoignages rapportaient aussi des « réponses radicalement différentesde leurs caisses respectives » sur la date d’installation nécessaire pour bénéficier du P4P, le nombre minimum de patients, les modalités de calcul des points ou le recueil des données, précise REAGJIR.
Des cas isolés ? Le syndicat a voulu en avoir le cœur net en questionnant directement les médecins récemment installés. Sur la base de 106 réponses (dont 70 % venant de généralistes entre 30 et 34 ans), « l’état des lieux corrobore malheureusement la première impression », affirme REAGJIR.
Principale surprise de l’étude : des montants versés « très variables » malgré des indicateurs identiques et des profils similaires. La faiblesse des bonus octroyés aux jeunes interpelle. Concernant les installés en 2011 (31 réponses), « 84 % ont reçu entre 1 000 et 3 000 euros », relate l’étude. C’est deux ou trois fois moins que la moyenne nationale. Quant aux installés de 2012 (45 réponses), les deux tiers n’auraient rien perçu du tout.
Peu efficients, les jeunes ?
L’autre motif d’étonnement concerne les règles du jeu du P4P. Sur l’item « organisation du cabinet », certains médecins « juniors » ont bien touché la rémunération correspondante alors que leurs confrères, pourtant installés la même année, ont été jugés inéligibles pour ce critère, affirme REAGJIR. Le nombre de patients requis pour certains items ? « Il semble faire l’objet d’un tirage au sort », égratigne encore le syndicat.
L’enquête montre également que les indicateurs de prévention d’une part et d’efficience d’autre part (taux de génériques prescrits) ont été très peu rémunérateurs pour les jeunes (90 % des installés en 2011 n’ont pas eu de points sur ces objectifs). L’enquête montre enfin qu’un tiers des médecins collaborateurs (41 réponses) n’ont reçu aucune prime.
Sans remettre en cause le principe de la rémunération sur objectifs, le syndicat juge que de tels résultats attestent d’une trop hétérogénéité de l’attribution des points, et d’une méthode « incompréhensible », au détriment des jeunes installés. REAGJIR demande à l’assurance-maladie de diffuser des consignes claires aux caisses locales afin d’obtenir des « réponses homogènes ».
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