À CINQ MOIS de l’élection présidentielle, les jeunes médecins se mobilisent - tous syndicats confondus - pour couper court à toute remise en cause de la liberté d’installation. Alors que les initiatives parlementaires (à gauche comme à droite) n’ont pas manqué, ces dernières semaines, pour réclamer des mesures coercitives et radicales en réponse à la crise de la démographie médicale, la nouvelle génération prend aujourd’hui les devants pour ne pas subir demain des décisions douloureuses. Étudiants (ANEMF), internes (ISNIH et ISNAR-IMG), chefs de clinique (ISNCCA), remplaçants et jeunes médecins généralistes (REAGJIR et SNJMG) ont adressé en ce sens une lettre ouverte aux 577 députés, en forme de plaidoyer pro domo, pour les appeler « à ne pas céder aux sirènes de la coercition ». Les solutions, soulignent ces organisations d’une seule voix, doivent être « incitatives, globales, structurelles, organisationnelles, intergénérationnelles et concertées », à l’heure où un jeune sur dix seulement choisit de s’installer en libéral.
Combattre les idées reçues.
« Imposer l’installation d’un médecin dans chaque village est maintenant obsolète », écrivent les six associations. Estimant que la médecine de ville est à la « croisée des chemins », les jeunes professionnels plaident pour une nouvelle organisation des soins ambulatoires « où cohabiteraient salariat, libéral, maisons de santé, cabinets de groupe pluriprofessionnels et cabinets isolés ».
Le courrier adressé aux parlementaires s’emploie à tordre le cou à plusieurs idées reçues sur le choc démographique telles que « la féminisation de la profession est un problème », « les médecins seniors quittent leur exercice rural pour remplacer », « les jeunes médecins ne veulent pas s’installer » ou encore
« les jeunes médecins refusent de travailler à la campagne ». Le courrier insiste sur la transformation du modèle professionnel (appétence pour l’exercice regroupé, le salariat), les motifs profonds du « dévissage » de plaque (charges trop lourdes, surmenage, dévalorisation...), ou encore la nécessité de rendre les campagnes plus attractives (dans le cadre de politiques d’aménagement du territoire).
La vraie question est « comment encourager » et non pas « comment contraindre », peut-on lire. « Un exercice forcé sera pourvoyeur de désaffection profonde pour la profession et de la diminution de la qualité des soins », concluent les jeunes médecins.
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