Cap sur les élections aux URPS

Les syndicats de médecins libéraux fourbissent leurs armes

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Publié le 18/05/2015
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Tous les leaders syndicaux à la même table (de gauche à droite MG France, Le BLOC, CSMF, SML, FMF...

Tous les leaders syndicaux à la même table (de gauche à droite MG France, Le BLOC, CSMF, SML, FMF...
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

12 octobre. Les syndicats n’ont plus que cet horizon à l’esprit. Ce jour-là s’achèvera l’élection des représentants des médecins libéraux au sein des URPS [unions régionales de professionnels de santé]. Un enjeu crucial pour tester la représentativité de chacun, qui va mobiliser les syndicats tout l’été.

La date du 12 octobre n’enchante guère les libéraux. La campagne électorale risque de se muscler en plein examen du projet de loi de santé au Sénat (en commission fin juillet, en séance à la rentrée). Or l’enjeu aurait mérité une unité syndicale que le combat pour les URPS va mettre à mal.

De surcroît, le scrutin intègre par anticipation la réforme territoriale, avec la réduction de 22 à 13 régions au 1er janvier 2016. Un article du projet de loi de santé prévoit que les URPS se caleront sur la future carte. Problème, à la date du 12 octobre, le projet de loi de santé ne sera pas définitivement adopté. Et l’arrêté fixant officiellement la date du 12 octobre n’est toujours pas paru, entretenant le flou...

Le président de la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon, affiche son agacement. « On nous demande de voter sur des périmètres d’URPS correspondant à des régions qui n’existent pas encore, et la date du scrutin n’est toujours pas légalement fixée. Tout cela ouvre la porte à de multiples contestations ultérieures ». Selon plusieurs sources, le choix ministériel du 12 octobre n’est pas du goût des ARS dont le périmètre doit changer.

Une charte de l’élu

Dans ce contexte, la constitution des listes n’est pas une mince affaire. « Il y a toujours des problèmes d’égos ici ou là », admet le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Il cite le regroupement des régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin. « Cette URPS va passer d’environ 140 élus à 80 », calcule-t-il. Pour certains, la pilule sera difficile à avaler.

Le SML pense avoir trouvé la parade. Son président, le Dr Éric Henry, a fait adopter une charte de l’élu aux unions régionales. Elle laisse la bride sur le cou aux régions pour la constitution des listes, mais en cas de problème, le bureau national du syndicat reprendra la main.

À MG France, le Dr Claude Leicher ne nie pas « la complexité » de la constitution des listes. Mais « la machine est en route, juge-t-il, c’est la 5e campagne que nous faisons, nous sommes rôdés ». Le syndicat de généralistes commence à organiser des réunions dans les régions sur l’organisation de la campagne.

Au BLOC, le bureau s’est réuni samedi 16 mai pour préparer les listes. « Elles ne sont pas arrêtées, mais elles sont un peu constituées », explique le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC. Il redoute toutefois de devoir achever la préparation des listes « dans la précipitation », du fait du nouveau périmètre des régions. Ces listes devront être publiées au plus tard le 24 août.

La loi de santé dans le collimateur

Les syndicats rodent depuis des semaines leurs arguments, parfois dans un climat de surenchère.

Le combat contre la loi de santé et le tiers payant généralisé sera le principal thème de campagne. Le SML estime que les élus constitueront « l’un des derniers remparts pour empêcher la loi de s’appliquer brutalement dans les régions ». La CSMF est sur la même ligne. Le Dr Ortiz veut croire que les élus, « s’ils sont bien choisis », pourront influer sur la déclinaison de la loi de santé dans les régions. La campagne confédérale devrait aussi valoriser les bilans des régions, souvent laboratoires d’idées et de projets.

MG France entend mettre l’accent sur la disposition phare de la loi, le tiers payant généralisé. « Mais nous n’oublierons pas la situation économique de la médecine générale », insiste le Dr Claude Leicher.

Côté FMF, la loi de santé est dans le viseur mais le syndicat compte aussi dénoncer « les conflits d’intérêt générés par la rémunération sur objectifs de santé publique ».

Au BLOC, le Dr Cuq a de la mémoire. « Aujourd’hui, tout le monde est contre cette loi mais quand Marisol Touraine a annoncé son projet, certains syndicats l’ont accompagnée. Les masques vont tomber ».

L’union sacrée syndicale est déjà un lointain souvenir.

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9412