Une nouvelle fois, les médecins et plus particulièrement les médecins de ville (car « votre médecin » fait référence implicitement au médecin de proximité) ont fait l'objet d'une attaque de dénigrement dans la presse à diffusion nationale en s'appuyant sur un livre qui vient de paraître, au titre racoleur et publié par un ex-médecin généraliste qui a émigré au Canada depuis plusieurs années.
À l'écart de ces médias, quasiment tous sous le contrôle de puissances financières dont l'intérêt commun est la destruction de notre système de santé pour mieux se l'approprier, oserons-nous poser les vraies questions sans éluder les faits rapportés, au demeurant parfaitement inadmissibles mais ne pouvant faire généralité.
Comment s'étonner que l'humain s'estompe au fil des ans dans la relation médecin-patients alors que depuis des décennies la sélection des futurs médecins est basée exclusivement sur des matières scientifiques au détriment de toute valeur humaniste ?
Que dire du numerus clausus, inadapté depuis des années aux réels besoins de la santé et à l'origine de la raréfaction des médecins, obligeant les praticiens en place à de trop longues heures de travail parfois peu compatibles avec une écoute attentive des patients ?
Faut-il de même rappeler l'explosion de tâches administratives, bien éloignées de la pratique médicale, auxquelles le médecin est de plus en plus astreint ?
Notre société aussi a une part de responsabilité dans cette course à l'immédiateté et en accréditant l'idée que notre corps bientôt marchandisé relève uniquement d'une médecine technique.
Enfin, si le partage des connaissances est essentiel à l'enrichissement de notre société, faire croire que, par l'intermédiaire des réseaux sociaux et d'internet, chaque individu acquiert une expertise et une connaissance équivalente à celles des professionnels est une tromperie lourde de conséquence dans la relation médecin-patient.
Ces brutalités sont le fait d'une minorité de médecins mais leur instrumentalisation savamment orchestrée permet d'occulter la maltraitance infligée au corps médical (rappelons qu'il enregistre le plus fort taux de suicide de la population) et au final celles faites aux patients à cause de politiques de santé éloignées de leurs vraies préoccupations.
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