Entre un médecin généraliste d’une maison de santé et un libéral « à l’ancienne », qui est le plus productif ? Qui coûte le moins cher ? Qui soigne le mieux ?
C’est à ces questions polémiques que l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) tente de répondre, dans le cadre d’une double étude comparative entre les médecins généralistes exerçant en structures pluridisciplinaires et les praticiens isolés. L’IRDES a analysé les pratiques de 430 médecins généralistes de 54 maisons, 9 pôles et 25 centres de santé et les a comparé à l’activité de 1 124 généralistes témoins exerçant isolément. Les résultats sont en partie extraits d’un rapport* sur l’évaluation entre 2009 et 2012 des structures financées par l’expérimentation des nouveaux modes de rémunération (ENMR), enveloppe généralisée en 2015.
Le regroupement augmente l’activité médicale
La première étude s’attarde sur l’activité, la productivité et les dépenses associées à ces deux conceptions de la médecine. Premier constat de l’IRDES : « Le regroupement permet d’accroître la productivité journalière ». En nombre de jour travaillé (10 actes minimum) et toutes choses égales par ailleurs, l’activité médicale est supérieure en maisons et pôles par rapport aux cabinets libéraux sur la taille de la file active (+13,4 %), le nombre de patients inscrits « médecin traitant » (+15,6 %) et le nombre d’actes délivrés (+2 %).
Les dépenses de soins des patients, notamment pour les soins ambulatoires, sont globalement plus faibles pour les patients qui consultent leur généraliste médecin traitant d’un site participant aux ENMR (-9 %). Les prescriptions médicales, sont également moins élevées en centres (-2 %), en maisons et pôles (-0,7 %) qu’en cabinet. « L’intégration pluriprofessionnelle des soins et services de première ligne est génératrice de gains d’efficience en matière de dépense ambulatoire, comparativement à l’exercice standard », assure l’IRDES.
Une plus grande efficience en structure ?
L’IRDES compare aussi la qualité des soins entre les deux exercices, à partir de différents indicateurs issus des dispositifs de rémunération à la performance, l’ancien CAPI (contrat d’amélioration des pratiques individuelles) et la ROSP (rémunération sur objectifs de santé publique). Par exemple, le taux de réalisation du suivi des patients diabétiques de type 2 est supérieur en structure qu’en cabinet isolé sur trois indicateurs : l’HbA1c (55 % vs 50 %), le dosage annuel de la microalbuminurie (39 % vs 28 %) et l’électrocardiogramme (25 % vs 22 %).
Les structures font plus confiance aux génériques (IPP, statines, antidépresseurs) que les médecins libéraux en cabinet individuel. Les deux types d’exercice sont au coude à coude pour ce qui concerne la vaccination.
Ces résultats prouvent « la plus grande efficience » de l’exercice regroupé sur la pratique isolée, conclut l’IRDES.
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