« LE PSRS [plan stratégique régional de santé] reflète une lecture critique et négative des professionnels de santé, en particulier des libéraux, à qui on ne fait pas confiance, avons-nous l’impression, alors que nous sommes sur le terrain, aux côtés de nos patients », déplore le Dr Bruno Silberman, président de l’URPS d’Ile-de-France, à propos du document de l’ARS soumis à la discussion publique depuis le 29 mars. « Le texte proposé à la concertation se devrait en premier lieu d’être un minimum reconnaissant du travail quotidien des professionnels de santé franciliens », réaffirme la note de position de l’Union.
Le message de l’URPS est clair : placer les libéraux au cœur des réflexions de l’équipe de Claude Évin, patron de l’ARS. Ce qui ne lui semble pas être le cas pour le moment. « L’ARS se penche sur les réseaux, les structures parallèles, et le regroupement de professionnels salariés, mais il faut commencer par accompagner les libéraux déjà en exercice », prévient le Dr Silberman.
Coût de la pratique.
L’URPS a donc publié une série de propositions qui visent, selon elle, à plus de réalisme et d’universalité. Elle demande tout d’abord que l’ARS reconnaisse « le besoin d’investissement structurel sur l’ensemble du territoire francilien », selon les mots du Dr Silberman, et pas seulement dans les zones prioritaires. « Il faut faire évoluer ensemble les territoires de la région, du centre de Paris à la cité des Tarterêts en passant par les Yvelines et ne pas se limiter à 5 % de l’Ile-de-France », explique-t-il. « Car partout où un médecin part, cela créé un déséquilibre ». L’URPS souligne ainsi l’urgence d’anticiper la baisse de la disponibilité médicale, accentuée par la réduction de la durée d’exercice.
Elle appelle également à une analyse globale de toutes les spécialités, et pas seulement de la médecine générale ou des soins de premiers recours. Un meilleur parcours de soins ne peut se faire que « grâce à une coordination entre tous les spécialistes de ville avec en premier lieu la médecine générale mais qui n’exclut pas les autres spécialités dont le rôle en première intention ou en appui immédiat reste primordial pour les patients ».
L’URPS demande enfin « une approche réaliste du coût de la pratique ». En cause, le secteur 2, très prisé des libéraux franciliens et critiqué par l’ARS. « Au lieu de stigmatiser ce secteur, comme la raison du renoncement des patients aux soins, ou d’opposer salariés et libéraux, il faut comprendre pourquoi nous sommes dans cette situation », conteste le Dr Silberman. Selon l’URPS, le coût de la pratique en région parisienne ne peut que dissuader les jeunes médecins de s’y installer.
L’ARS prendra-t-elle en compte ces amendements au projet stratégique régional ? Elle affirme en tout cas avoir reçu la contribution de l’URPS, parmi celles d’autres acteurs, et continuera à travailler étroitement avec l’URPS, notamment lors d’une seconde phase de concertation réglementaire, à partir du 6 juin. Le PSRS sera soumis à la conférence régionale de la santé et de l’autonomie, au préfet, au conseil régional, et au conseil général.
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