ARRIVÉE À LA DERNIÈRE ligne droite de la mission sur la médecine de proximité que lui a confiée le président de la République, Élisabeth Hubert ne mâche plus ses mots : « J’ai visité un certain nombre de maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), et je peux vous dire que certains schémas d’organisation ne méritent pas l’appellation de MSP, même si elles ont reçu des subventions pour cela. » L’ancienne ministre de la Santé et actuelle présidente de la FNEHAD (Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile), qui s’exprimait dans le cadre d’un colloque organisé par la FFMPS (Fédération française des maisons et pôles de santé) n’a jamais caché qu’à ses yeux, les MSP ne constituaient pas la panacée face aux problèmes de désertification médicale, tout au plus une piste parmi les autres. Même constat pour les systèmes d’information mis en place par ces MSP : « Aucune des structures que j’ai visitées ne dispose de système d’information satisfaisant, notamment du point de vue du partage de ces informations. On ne peut avoir de système satisfaisant qui ne soit pas capable de communiquer avec l’hôpital, par exemple. Vous, médecins, vous êtes les rois de la bidouille informatique, faites attention ! »
De son propre aveu, son rapport souffrira lui aussi de quelques faiblesses. Élisabeth Hubert regrette tout d’abord de n’avoir pu se rendre partout en France. La faute, selon elle, aux délais qui lui ont été impartis. Des délais trop serrés, également, quand il s’agit d’évaluer juridiquement et financièrement les mesures qu’elle compte préconiser. « Il m’a manqué du temps pour réaliser une étude d’impact sur les effets pervers des effets d’aubaine », regrette-t-elle. Sur le fond, Élisabeth Hubert a donné quelques indications sur les mesures qu’elle compte préconiser. Avec tout d’abord une « réforme structurelle » de la formation initiale, et une « révolution culturelle » des médecins en matière de coopération interprofessionnelle. Quant au paiement à l’acte, qu’elle dit « à bout de souffle », Élisabeth Hubert a simplement expliqué que ses propositions ne viseraient pas à le faire disparaître.
Dans sa lettre de mission, Nicolas Sarkozy avait demandé à l’ancienne ministre de la Santé de faire des propositions compatibles avec l’objectif de retour à l’équilibre des comptes sociaux. « Il n’y aura pas de subventions pour tous les créateurs de MSP, prévient-elle en conséquence. Les candidats que j’ai rencontrés sont très impliqués dans leur projet, mais ils croient souvent que leur modèle est le meilleur. » À ce sujet, Élisabeth Hubert a reconnu être « inquiète de la très grande hétérogénéité » de ces projets.
La présidente de la FNEHAD a enfin indiqué que, selon elle, le pic de décroissance du nombre de médecins libéraux serait atteint bien avant la date souvent indiquée de 2020. « Il faudra des mesures conjoncturelles pour passer ce cap en attendant que les mesures structurelles produisent leur effet, a-t-elle précisé. Ces mesures pourront avoir un aspect un peu bricolage. »
Élisabeth Hubert, qui indique être parvenue au stade de la rédaction de son rapport, compte bien le rendre au président de la République « à la mi-octobre ». « Mais je ne suis pas sûre qu’il n’y aura pas d’autre rapport après ma mission », indique-t-elle, un sourire au coin des lèvres.
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