SELON LE Dr Patrick Bouillot, vice-président de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) de Bourgogne, il s’agit d’une première. Avec l’appui de l’ARS (Agence régionale de Santé), l’URPS met la dernière main au projet médical d’une maison de santé regroupant des spécialistes cliniciens (endocrinologues, ophtalmologues, rhumatologues, gynécologues, pédiatres, psychiatres, allergologues et dermatologues…). « La démographie médicale de la Nièvre est tout aussi catastrophique pour les spécialistes que les omnipraticiens », précise Patrick Bouillot pour qui il est temps d’agir.
Le projet devrait voir le jour à Nevers, où sont déjà concentrés la majorité de ces spécialistes nivernais ; l’ARS a participé au financement de l’étude de faisabilité. Une vingtaine de spécialistes sont déjà membres du groupe de projet, et « un deuxième cercle » de praticiens intéressés pourrait ultérieurement s’y agréger. Le Dr Bouillot précise que d’autres spécialistes, comme les radiologues ou les angéiologues, pourraient également établir des liens renforcés avec cette maison.
Cette « maison des spécialistes » devrait à terme disposer d’une plate-forme de services mutualisés, comme le secrétariat et l’administration, et comprendre, outre les cabinets de consultation, une salle de petite chirurgie, et une salle de surveillance pour les tests spécialisés, comme les tests endocriniens.
L’éducation thérapeutique ne serait pas oubliée, en mettant l’accent sur les polypathologies. Patrick Bouillot enfonce le clou : « Il ne s’agit pas de construire un bâtiment où exerceraient des spécialistes, mais d’élaborer un projet médical commun, autour d’une vision partagée et innovante de l’exercice de la médecine clinique spécialisée de proximité ». Ce projet correspond selon lui aux objectifs des professionnels de santé du Nivernais : « Améliorer les conditions de travail, étendre l’offre de soins, et attirer à nouveau les jeunes diplômés vers l’exercice libéral ».
Objectif 2013.
Si la décision d’implantation à Nevers paraît acquise, le choix du local n’est pas encore fait, l’équipe étant mobilisée par la préparation des dossiers à destination de l’ARS et du conseil régional, dans l’espoir de voir cette collectivité territoriale subventionner tout ou partie du projet immobilier. Pour les murs, le groupe projet pencherait plus vers la réhabilitation d’un local existant que vers la construction de nouveaux murs. Si tout se passe bien, le Dr Bouillot pense pouvoir ouvrir aux alentours du début de l’année 2013.
Si cette maison des spécialistes est une première concrétisation, elle s’inscrit dans la droite ligne du projet de l’UMESPE, la branche spécialiste de la CSMF, à laquelle appartient le Dr Patrick Bouillot, endocrinologue. Cela fait deux ans que le Dr Jean-François Rey, président de l’UMESPE, milite pour le développement de ces structures pour spécialistes cliniciens, assurant que « les jeunes ne veulent pas prendre leur relève quand ils exercent en isolé ». Il ajoute que ces maisons des spécialistes peuvent être en partie financées par les ARS car elles effectuent une mission de service public et permettent d’éviter un recours inutile aux urgences hospitalières. Pour le Dr Rey, « dans dix ans, la médecine libérale, généraliste ou spécialiste, sera regroupée ou ne sera plus ».
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique