LE MAIRE de Chéu dans l’Yonne, Maurice Hariot, ne décolère pas. Dans la nuit du 15 au 16 octobre vers deux heures du matin, un de ses administrés, qui vit seul à son domicile, fait un malaise cardiaque. Le malheureux joint sa sur par téléphone pour qu’elle prévienne les pompiers. Mais à leur arrivée au domicile du malade, le patient est déjà mort. Maurice Hariot se rend lui-même sur place, et constate qu’aucun médecin n’est sur les lieux. « J’ai appelé le SAMU, indique-t-il au « Quotidien », mais on m’a répondu que la chose n’était plus urgente vu que le malade était mort, et que ça pouvait attendre le lendemain ». Aucun de médecin de garde n’est venu non plus. « Il n’y a plus de garde dans le canton depuis une bonne paire d’années », regrette l’édile qui semble marqué par cette mésaventure : « On nous demande de protéger nos populations, mais quand quelqu’un meurt, on ne peut plus rien faire. Sans médecin pour constater le décès, impossible de déplacer le mort, impossible également de prévenir ses proches et sa famille du décès. » Le SAMU s’est déplacé le lendemain matin pour constater le décès.
Selon le maire de Chéu, il n’y a pas de médecin dans son village de 500 habitants, et ses administrés doivent aller à Saint-Florentin, à une dizaine de kilomètres, pour trouver six médecins. Lesquels doivent couvrir à eux seuls les besoins médicaux de l’ensemble du canton qui compte un peu plus de 6 000 habitants.
Au conseil départemental de l’Ordre des médecins, le président Alain Miard confirme que le canton dont fait partie Chéu n’a pas de permanence des soins organisée. « Dans l’Yonne, il n’y a plus de médecins, c’est la panique, ajoute-t-il. Pour faire simple, il y a 22 secteurs de garde dans le département. Le premier tiers marche bien, le deuxième marche à moitié, et le troisième, dont fait partie Chéu, ne marche pas du tout ».
De son côté, le maire de Chéu n’entend pas en rester là. « Près de la moitié de la population de l’Yonne va manquer de médecin d’ici cinq ans, selon une étude de l’Ordre », assure-t-il. Il a donc rédigé un courrier à l’attention du préfet du département pour l’informer de cette situation qu’il juge « scandaleuse ».
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