Installé sur deux sites distincts du nord du 18e arrondissement de Paris (Ramey et Hermel), le pôle Paris Nord regroupe cinq cabinets de généralistes qui ont rejoint l’équipe sans avoir intégré les murs. Il se compose en tout de 15 généralistes, un cardiologue, un pédiatre, trois psychiatres, un pédopsychiatre, six psychologues, un podologue, sept infirmiers, et huit pharmaciens.
Le Dr Josselin Le Bel, qui a présenté ce pôle parisien lors du dernier congrès de la médecine générale, identifie plusieurs « difficultés non négligeables » dans la mise en place et le fonctionnement de ces structures d’exercice collectif qui ont le vent en poupe.
Il faut avant tout mobiliser les différents professionnels engagés autour d’un projet bien construit et partagé. Sans malentendu. Or, il est souvent difficile de convaincre les uns et les autres de modifier leurs pratiques et leurs habitudes. Des infirmières ont ainsi renoncé à intégrer le pôle 15 jours avant la date prévue...
Contrairement aux idées reçues, le travail en équipe induit (au moins au départ) de réels surcoûts de fonctionnement, qu’ils soient fonciers ou pour financer le personnel. Utiles, les expérimentations sur les nouveaux modes de rémunération (ENMR) n’ont pas levé tous les obstacles financiers et gagneraient à être généralisées. Le pôle parisien, qui participe à ces expérimentations, en retire 91 000 euros par an. « Ca ne va pas dans notre poche, prévient le Dr Le Bel, ça paye nos coûts de fonctionnement ». Comme nombre de praticiens exerçant en maison ou pôle de santé pluriprofessionnel, le généraliste souligne la difficulté à pérenniser les ressources nécessaires. Le manque de visibilité budgétaire reste un handicap. Or, « tout ne peut pas être financé par le paiement à l’acte », rappelle-t-il.
Appel d’air
Sans logiciel adapté aux pratiques coordonnées et au partage simple d’informations, point de salut. L’outil informatique doit au moins disposer d’un volet médical de synthèse harmonisé ou de fiches de suivi des pathologies chroniques. Il doit permettre le codage des actes, l’édition de statistiques et inclure une messagerie sécurisée intégrée.
Une fois ces contraintes surmontées, l’exercice est souvent gagnant. « La mise en place d’un pôle de santé crée un appel d’air favorable, assure Josselin Le Bel. Si nous avions plus de place, nous pourrions accueillir plus de professionnels ». Le projet de santé permet à l’équipe soignante de dresser des priorités adaptées à la patientèle d’un territoire. Le pôle a identifié trois thématiques : le cardiovasculaire, la gériatrie, et la santé mentale. L’intégration des huit pharmaciens a permis de les équiper d’appareils d’automesure tensionnelle financés par le pôle. La délivrance d’AINS à prescription facultative a été harmonisée.
En 2014, le pôle s’est fixé comme objectif de mettre en commun les dossiers médicaux des patients entre tous les généralistes.
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