ALORS QU’ON NE CESSE de pointer du doigt l’extension des zones sous-médicalisées, une étude de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) remet les pendules à l’heure. Sur le territoire national, au 1er janvier 2007, 95 % de la population avait accès en moins de 15 minutes à des soins de proximité - c’est-à-dire à un généraliste, un infirmier, un kiné ou un chirurgien-dentiste.
Le résultat s’améliore encore si l’on s’en tient aux seuls généralistes, puisque 99 % des Français y avaient accès dans le même délai. Les 660 000 Français moins chanceux que les autres vivent le plus souvent dans des zones rurales ou montagneuses, et dans trois régions, la Corse, la Champagne-Ardenne et l’Auvergne, avec respectivement 11 %, 2 % et 1,5 % de leur population habitant à plus de 15 minutes de l’omnipraticien le plus proche.
S’agissant des spécialistes libéraux, le constat n’est pas mauvais non plus. Tous, à l’exception des urologues, étaient accessibles en moyenne en moins de 20 minutes par la route au 1er janvier 2007. Les ophtalmos et les radiologues emportent la palme de la proximité parmi les spécialistes avec des temps de trajet moyens de 9 minutes. La bonne accessibilité aux ophtalmos semble en contradiction avec le fait que la démographie de ces spécialistes est en baisse et que leur consultation nécessite des rendez-vous pris très en amont (en raison de délais d’attente). Mais pour le Dr Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), « cette contradiction n’est qu’apparente ». Selon lui, cette bonne accessibilité territoriale prouve que ces spécialistes sont « très bien répartis », et ne préjuge pas de la difficulté à obtenir un rendez-vous.
Le secteur I difficile d’accès en Ile-de-France.
Les hôpitaux (CH, CHU) restent relativement accessibles puisque 95 % de la population y a accès en moins 45 minutes (et en moins de 25 minutes pour 75 % de cette population). Enfin, les équipements médicaux lourds - scanner ou IRM - étaient situés en moyenne à moins de 20 minutes des patients. Des temps de trajet qui croissent en fonction de la rareté de l’appareil : ainsi, les caméras à scintillation nécessitaient en moyenne des temps de trajet de 31 minutes, et les tomographes à émission de positons des trajets de 46 minutes.
Quelques régions cumulent les temps d’accès les plus longs (quels que soient les soins). En Corse, Limousin, Bourgogne et Auvergne, qui subissent déjà des temps d’accès aux soins de proximité plus élevés que la moyenne, 20 % des habitants résident à plus de 30 minutes du premier spécialiste.
L’étude aborde également la question de l’accès financier aux soins (honoraires opposables ou libres). « Plus que le caractère urbain ou rural de la zone de résidence du patient, c’est la région qui détermine un accès plus ou moins aisé à des professionnels de secteur I », notent les auteurs. Il en va ainsi en Ile-de-France où le temps moyen d’accès à un praticien de secteur I augmente pour la plupart des spécialités (souvent multiplié par deux), et en Rhône-Alpes pour l’accès aux ORL et aux urologues.
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