LA FERTÉ-BERNARD dans la Sarthe. 10 000 habitants (30 000 pour l’agglomération), 13 médecins généralistes, dont 3 qui prendront leur retraite en juin prochain, et 5 autres qui seront partis d’ici 5 ans. Devant cette situation déclinante, le maire UMP de la ville, Jean-Carles Grelier, a voulu faire comme tout le monde en tentant d’attirer sur sa ville des praticiens libéraux. « Nous avons passé des annonces sur les sites spécialisés et dans les journaux, raconte-t-il au « Quotidien », mais nous n’avons pas eu une seule réponse. » Le maire ne baisse pas les bras et s’adresse à un cabinet spécialisé qui fait imprimer à 1 500 exemplaires une plaquette vantant la ville et les avantages qu’un généraliste aurait à s’y installer. « On proposait pas mal d’avantages, se souvient le maire, avec une facilité de logement, un cabinet mis à disposition et une voiture de fonction. » La plaquette, envoyée à des généralistes de la petite couronne parisienne a occasionné 21 appels téléphoniques à la mairie. Sept d’entre eux se sont déplacés, mais aucun ne s’est porté candidat.
C’est un de ces médecins qui a soufflé la solution au maire en lui faisant valoir qu’il aurait été plus intéressé par un emploi salarié. L’édile prend aussitôt contact avec le Dr Éric May, président de l’USMCS (Union syndicale des médecins de centres de santé) qui l’aide dans sa démarche. La mairie entreprend alors la rénovation d’un bâtiment municipal, en fait un centre de santé pouvant accueillir deux cabinets de généralistes et un secrétariat, et passe une annonce sur le site Internet des centres de santé.
« Cette fois-ci, les candidatures n’ont pas manqué », note Jean-Carles Grelier qui, parmi la dizaine d’appels reçus, a porté son choix sur un jeune médecin de 4 ans, qui exerçait auparavant dans l’Aude, et qui a manifesté un réel intérêt pour la démarche municipale.
4 000 euros, 35 heures.
Dans la pratique, ce médecin, qui a commencé ses consultations vendredi 8 septembre, va percevoir un salaire d’environ 4 000 euros net par mois pour 35 heures hebdomadaires. Le cabinet et le secrétariat médical sont à la charge de la mairie, qui met en outre à la disposition du praticien un véhicule de service pour les visites. Si bien que les patients ne payeront pas le médecin mais le Trésor public, qui reversera à la municipalité les sommes correspondantes. Pour La Ferté-Bernard, le budget de l’opération est d’environ 150 000 euros par an pour un médecin, le secrétariat et les frais de fonctionnement, hors frais de réhabilitation du bâtiment qui abrite le centre de santé. Le maire semble cependant estimer que l’opération devrait être « à peu près blanche » une fois récupérés les honoraires versés au Trésor public.
Quant aux gardes, le nouveau médecin en fera comme s’il exerçait en libéral, sans toutefois percevoir le montant des astreintes. À ce sujet, la mairie est en train de finaliser une convention avec l’agence régionale de santé (ARS) pour mettre à plat les aspects administratifs, financiers et juridiques du dossier.
L’expérience semble si prometteuse que La Ferté-Bernard a déjà signé un contrat avec un deuxième généraliste qui devrait arriver à la fin de l’année. Mais si la municipalité est satisfaite, les médecins de la Ferté-Bernard semblent voir la chose d’un autre œil. « Le Quotidien » a tenté, sans succès, de les joindre, mais le maire reconnaît du bout des lèvres que leur réaction a été mitigée.
Jean-Carles Grelier a toutefois une crainte. Celle de voir d’autres municipalités aux moyens plus importants suivre le même filon que la Ferté-Bernard, et siphonner ainsi à leur profit, mais au détriment des petites et moyennes communes, le vivier de médecins interessé par un exercice salarié hors des grandes agglomérations.
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