Le Dr Thomas Lieutaud est anesthésiste en Rhône-Alpes. Un beau jour, il lâche son poste de PH à temps plein en CHU pour devenir remplaçant, afin de concilier la clinique avec la recherche, son autre passion. Sa nouvelle vie lui apporte entière satisfaction. Cinq à dix jours de remplacement par mois, et le reste du temps entre CNRS et vie de famille. Un calibrage qui lui rapporte entre 4 000 et 5 000 euros de revenus mensuels, « de quoi vivre ».
Trouver un point de chute ? Facile, très facile : « Le recours à l’intérim est massif en Rhône-Alpes, pourtant la 5e région la mieux dotée en anesthésistes-réanimateurs. 90 % des hôpitaux généraux y font appel ». En position de force, le Dr Lieutaud pose ses conditions : 650 euros net par jour, pas de garde avant le 6e jour (« Je veux d’abord me faire une idée sur l’équipe et sur l’organisation »), un logement et des repas corrects. « Je ne demande pas le luxe. Mais que certaines chambres de garde ne soient pas faites, c’est inadmissible ».
Des hôpitaux sont plus attractifs que d’autres. « Je suis fidèle à deux ou trois. Je reste pour la qualité des équipes. C’est bon signe quand le chef de service prend contact avec moi. Quand on est accueilli par une IADE ou un autre remplaçant, c’est mal engagé ».
Le Dr Lieutaud assure respecter les protocoles à la lettre, ne rechigner sur aucun type d’acte. « Je me plie à l’organisation locale ». S’il n’était pas mobile, il se verrait presque comme un PH lambda. « Je ne fais pas de l’intérim, insiste-t-il. J’ai un contrat de travail avec chaque hôpital qui me paye en direct ». Dans quelques années, il s’imagine redevenir PH à temps plein. Être contractuel a aussi ses inconvénients. « Je n’ai aucune sécurité de l’emploi. Je paye une assurance perte de revenus mais si je suis amputé d’une jambe demain, je ne sais pas ce qui se passe ». Et la retraite ? « Je n’en sais rien du tout! ».
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