ODOS (65)
Dr Raymond Rozan, spécialiste en médecine générale
L’article signé par Mme Allainmat, médecin psychiatre, paru dans le Quotien des lecteurs du 14 Octobre outre son aversion légitime envers la CSMF, ouvre une brèche et des perspectives.
Bien sûr, Mme A., emportée par sa fougue et sa rancœur, ignore encore que la psychiatrie est d’un libre accès aux patients, j’ajouterai malheureusement.
Dans le cadre d’un réel parcours de soins coordonné, serait-il utopique d’imaginer que sur appel du médecin traitant le psychiatre puisse prendre en charge dans des délais raisonnables le patient dépressif ? En accès direct la réactivité du psychiatre est de 15 à 45 jours (il s’agit de mon expérience personnelle après 35 ans d’exercice en médecine générale). Que de temps perdu, que de patients en détresse, que de gâchis tant en terme de santé que d’économie !
Que deviendraient ces patients si leur médecin traitant ne les prenait pas en charge rapidement ? Recevoir un patient dépressif en consultation, lorsque la journée est surchargée, n’est pas chose aisée et pourtant nous le faisons quasi quotidiennement. Proposer à un patient, après un interrogatoire souvent laborieux, la nécessité de consulter un psychiatre constitue une démarche, une négociation qui prend beaucoup de temps. Assortir la consultation d’un courrier et nous avons consacré 30 à 45mn à ce patient en difficulté.
Mes deux derniers jeunes patients identifiés suicidaires sont passés à l’acte par déficit de prise en charge de la psychiatrie, je l’affirme.
Au-delà de ce préambule destiné à rappeler la réalité et le vécu quotidien, j’ai beaucoup apprécié la vision de Mme A. quant à l’impérieux besoin de mettre à plat le principe de la consultation en sachant à quoi elle correspond par l’élaboration d’une sorte de cahier des charges, tout simplement de bonnes pratiques. Un spécialiste qui avoue 100 actes (il y en a…) par jour peut-il faire un bon travail ? Est-il crédible ? De même pour un généraliste, mais à ce taux je n’en connais pas.
Nos amis spécialistes bénéficient d’un tarif de consultation et d’avantages de rémunération supérieurs à la médecine générale (notamment les psychiatres) parce qu’historiquement ils étaient censés donner plus de temps à leurs patients. La plupart de nos patients communs nous disent après consultation auprès du spécialiste, en substance : « je viens vous voir pour que vous m’expliquiez, parce qu’avec vous je peux parler et vous posez des questions ».
Une consultation, qu’elle soit de médecine générale ou de spécialité, peut se quantifier et s’évaluer. Entre l’accueil, l’interrogatoire, l’examen, l’explication des conclusions et du traitement, la discussion, la rédaction de l’ordonnance et le fameux paiement à l’acte, il en est au minimum pour 15 mn. En 10 heures de travail assidu et ininterrompu, le solde est de 40 actes, c’est déjà beaucoup pour rester concentré et performant.
Mme A. a raison. Toutes les dispositions prises dans les dernières conventions « blindent les revenus » de certains spécialistes au détriment d’une grande majorité essayant d’exercer correctement leur métier. Il est temps de revoir les modes rémunération.
Paris
Guy Cobolet. directeur de la BIUM (Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine)
Le Pr Mathé, fidèle lecteur de la BIUM
Le Pr Mathé est décédé le 15 octobre, des suites d’un cancer qu’il s’auto-soignait depuis plusieurs années.
Avec lui disparaît notre plus fidèle et ancien lecteur : plus de 50 ans de fréquentation assidue, presqu’un bail emphytéotique, qui témoigne de l’intérêt que portait ce grand chercheur à l’information scientifique et à notre institution.
A la bibliothèque, Guy Mathé connaissait tout le monde, qui le « chouchoutait » à chaque passage.
Je garderai le souvenir d’un homme droit, drôle et plein d’esprit, passionné, qui ne parlait pas la langue de bois.
En 2003, nous avions acquis dans le commerce l’un de ses manuscrits, rédigé au début des années 60, quand il explorait la greffe de la moëlle osseuse. On y voit le chercheur à l’œuvre, avec ses interrogations :
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/mathe.htm
Rennes (35)
Dr Michel Soeur. Pédiatre retraité.
Pauvre malade.
C’est un fait, tout le monde est d’accord sur le diagnostic : la Médecine Française, qui avait une réputation mondiale de qualité, est gravement malade; que ce soit à l’hopital ou en soi-disant " libéral" , ( appellation tellement honnie, qu’on parle maintenant de "médecine de proximité" ). Le malade est dans un état désespéré. Et pourtant, que de thérapeutes à son chevet !
A une époque, pas si lointaine, une des rares abréviations que l’on trouvait dans les questions de concours était : P-F-L-A, qui avait l’avantage d’être une entité clinique définie et d’être strictement médicale. (traduction : Pneumonie Franche Lobaire Aiguë ).
Actuellement, pour tenter de soigner notre pauvre malade agonisant, nous avons une quantité de structures, forcément pléthoriques en fonctionnaires et technocrates, qui pudiquement sont signalées par leurs abréviations - abrégeons, abrégons...Cela fait plus "médical " !
Liste non exhaustive ( en laissant le soin au lecteur de déchiffrer leur signification et en sachant que dans tous ces organismes les médecins, comme par hasard, sont pratiquement exclus ) : OGDPC - CSI - FMC - DPC - ARS - SROS - CPOM - ONDAM - ACOSS - PLFSS - OPECTS - ASIP - EGOS - HCCAM - AFSSET - ONDPS - IRDES - FIQCS ... et cette bonne vieille DDASS... en ajoutant les derniers " thérapeutes " appelés en urgence : HPST et, cerise sur le gâteau, si j’ose dire : la DGOS ( Direction Générale de l’Organisation des Soins ), représentant pas moins de 317 personnes : 1 Directrice + 1 Chef de service + trois Sous- Directions : régulation de l’offre de soins; pilotage de la performance des acteurs de l’offre de soins; Ressources humaines du système de santé. Et, bien sûr, pas un seul médecin !
Toutes ces éminentes personnalités bien pensantes utilisent volontiers comme " thérapeutique " ce qui ressemble fort à la saignée de jadis,qui, si elle ne tuait pas le malade dans l’immédiat, le laissait dans un état d’affaiblissement tel que l’ échéance fatale devenait inéluctable.
Qu’est devenu le bon-sens français défini dans le vieux proverbe paysan : " à chacun son metier, les vaches seront bien gardees "?
AIX-EN-PROVENCE (13)
Dr Murielle Mollo
Petit poème sur les retraites
Oui, il faut réformer l’âge des retraites/ Oui, tous les pays européens l’ont déjà fait !/ Oui, c’est un problème démographique/
Oui, notre espérance de vie a augmenté,/ Oui, c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu,/Alors oui, notre devoir est de travailler plus longtemps/
Oui, il faut se conduire en adulte responsable,/ Oui, la valeur « travail » doit rester pérenne/ Oui, le travail apporte le bien, l’insertion sociale, la valorisation de soi/ Oui, l’amour du travail bien fait existe encore /Eh oui, le travail peut même être source de plaisir/
Alors non, le travail n’est pas la « bête à abattre »/
Non, bien sûr, cette réforme n’est pas populaire/ Mais non, il ne faut pas se voiler la face/ Non, il n’y a pas d’autres remèdes miraculeux/
Oui, nous refusons l’avenir d’une société décadente, confite dans l’entertainment/ Incapable de réfléchir, d’anticiper et de construire demain/ Alors oui, il est vraiment grand temps de se réveiller !...
PARIS
Gérard Noët
La colère des biologistes
La nouvelle baisse drastique de la nomenclature des actes de biologie médicale n’a aucun sens et ne repose sur aucun fondement économique. La volonté du gouvernement est de faire diminuer le nombre de laboratoires par l’étranglement économique et par l’accréditation. Des confrères naïfs pensent s’en sortir en laissant ouverts des sites de prélèvements qui n’auront aucune capacité analytique. Ils se trompent lourdement. Ces sites n’obtiendront jamais l’accréditation pour deux raisons: soit le local ne sera pas accréditable (par exemple sortie des déchets par l’entrée des patients), soit le laboratoire ne sera pas en mesure de rendre les urgences dans la demie heure et les examens classiques dans la demie journée.Vu le non sens économique de la manoeuvre, je pense que l’objet réel est de donner les plateaux techniques (radiologie et laboratoires de biologie médicale) aux groupes financiers puis l’assurance maladie aux assurances privées, la sécurité sociale conservant la protection des personnes insolvables. Cette hypothèse a un sens économique. Son aspect éthique demeure discutable et devrait faire l’objet d’un débat parlementaire voir d’un référendum.
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