Le malaise est palpable, le divorce suivra-t-il ? Le 17 novembre, six présidents d'Union régionale des professionnels de santé (URPS) sur les dix-sept existantes ont annoncé leur intention de créer une nouvelle fédération des URPS Médecins libéraux, lors de l'assemblée générale extraordinaire de la conférence nationale des unions (CN-URPS), présidée par la CSMF.
La nouvelle entité regrouperait Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne Franche- Comté, Bretagne, Grand Est, Martinique et Normandie.
Pour ces élus (quatre membres de la FMF, un du SML et un du Bloc), cette fédération se positionnerait comme « l'interlocuteur officiel des partenaires institutionnels au niveau national sur les questions d'organisation et de régulation territoriales des soins ». Un rôle que la conférence nationale des URPS aurait pu endosser si ses membres avaient accepté aux deux tiers (11 voix sur 17) de faire évoluer les statuts. Deux voix ont manqué pour cela.
Mainmise de la CSMF ?
« Nous avons besoin d'une instance qui a du poids pour peser sur des grands projets structurants comme les communautés professionnelles (CPTS) ou encore la prise en charge des soins non programmés. Aujourd’hui, les statuts de la conférence nationale nous cantonnent à un rôle technique », déclare le Dr Guilaine Kieffer, présidente dissidente de l'URPS Grand Est (SML), qui doit encore soumettre cette décision au vote de son assemblée générale le samedi 24 novembre.
Le ton est plus critique du côté du Dr Pierre-Jean Ternamian, (Auvergne-Rhône-Alpes, FMF). Accusant sans détour « la mainmise de la CSMF sur la conférence nationale » qui empêche les décisions collégiales et les échanges d'expériences entre les régions. Et d'ajouter : « la fédération que nous souhaitons créer n'a pas l'intention de se substituer aux syndicats. C'est la seule façon pour les unions d'exprimer leurs sensibilités régionales lors des réunions avec la direction générale de l'offre des soins (DGOS, ministère de la Santé) ».
Petite révolte
Contacté par « Le Quotidien », le Dr Philippe Boutin, président CSMF de la conférence nationale, avoue ne pas comprendre cette démarche. « Le rôle de chacun [syndicats et URPS, NDLR] était bien défini. Donner une mission politique à la CN-URPS ne me semble pas être une priorité. Cette action fragilise la profession et la représentation des URPS », déplore le médecin généraliste de Poitiers.
Face à cette situation totalement inédite, la CSMF est restée ferme. « Les URPS ont aujourd'hui un rôle technique au niveau régional. Les échanges nationaux doivent se faire au sein d'une CN-URPS. Mais cette instance ne peut pas prétendre représenter les médecins sur le plan politique. C'est le rôle des syndicats », tranche le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
Idem pour MG France qui s'oppose à toute confusion des rôles. « Il est logique que les URPS puissent échanger sur leurs expériences. Mais si elles décident de s'organiser en une autre structure pour discuter avec les institutions au niveau national, elles veulent donc se substituer aux syndicats. Ce n'est pas acceptable », explique le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.
De son côté, la FMF estime qu'«il ne devrait pas y avoir de scission dommageable pour la profession ». Le Dr Jean-Paul Hamon, président du syndicat appelle à « un respect mutuel entre les régions et le national ». « C'est une petite révolte des URPS qui estiment n'avoir pas eu suffisamment de partage d'informations au sein de la conférence nationale. Mais les régions devraient se rencontrer pour modifier les statuts de cette instance pour pouvoir échanger les expériences et travailler en étroite collaboration avec les syndicats », propose le médecin généraliste de Clamart. Cet appel sera-t-il entendu ? À suivre.
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