Toulouse, ville parmi les plus attractives de France ? Pas pour les jeunes médecins libéraux a priori…
La dernière étude menée par l’Ordre régional des médecins en partenariat avec l’agence régionale de santé (ARS) révèle en effet que 59 % des généralistes toulousains ont aujourd’hui plus de 55 ans. La proportion est identique dans les communes du Grand Toulouse avec 55 % de généralistes dans cette tranche d’âge. Plus inquiétant, la relève tarde : seuls 9,5 % des généralistes ont moins de 40 ans à Toulouse – et 13,5 % dans le Grand Toulouse.
Selon les projections de l’étude, le pire reste à venir. Tous les départements de Midi-Pyrénées prévoient des variations de population à la hausse entre 2015 et 2020 mais, parallèlement, une baisse des effectifs médicaux. Le Gers serait le département le plus impacté qui devrait accueillir 7,2 % d’habitants supplémentaires mais perdre 8,5 % de médecins.
Seule la Haute-Garonne verrait le nombre de médecins progresser (2,9 %), mais à un degré moindre que l’augmentation de la population générale (5,7 %). « Dans dix ans, à ce rythme, si l’on ne réagit pas, on aura un vrai problème de désert médical à Toulouse, alors que ce phénomène ne concernait il y a quelques années que des départements ruraux de Midi-Pyrénées », s’alarme le Dr Jean Thévenot, président du conseil de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne.
Selon lui, ces résultats corroborent les alertes reçues à la permanence de l’Ordre. « Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive des appels ou des courriers de confrères en exercice à Toulouse, qui ne parviennent pas à trouver d’associés, ou préfèrent carrément dévisser leur plaque pour passer au salariat », relate le responsable ordinal.
Charges excessives
Ex-président de l'UNOF (CSMF), aujourd'hui secrétaire général de l’URPS, le Dr Michel Combier, installé à Toulouse à quelques rues de l’hyper-centre, témoigne en ce sens. « Nous étions quatre associés il y a quelques mois et je suis tout seul aujourd’hui ; l’une de mes consœurs a pris sa retraite et nous n’avons pas réussi à la remplacer, les deux autres ont fait le choix de passer au salariat notamment face à des charges trop élevées », se désole le généraliste toulousain.
Face à cette situation, l’Ordre des médecins, l’URPS et la ville de Toulouse ont décidé de travailler main dans la main. Une convention de coopération est en voie d’élaboration. Les médecins souhaitent aussi solliciter les élus locaux pour faciliter la mise à disposition de locaux (à des tarifs de vente ou de location préférentiels) qui pourraient inciter de jeunes médecins à s’installer.
Pour évaluer les besoins en généralistes au plus près du terrain, l’URPS a lancé une enquête quartier par quartier à Toulouse. « Nous chercherons à savoir à quel âge ils envisagent de prendre leur retraite, s’ils rencontrent des difficultés pour trouver des associés, s’ils envisagent de dévisser leur plaque pour passer au salariat – notamment en raison de charges et de loyers trop élevés – et s’ils sont prêts à se regrouper avec d’autres confrères… », décrit le Dr Michel Combier qui coordonnera l’enquête. Les premiers résultats sont attendus en fin d’année.
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