Dossier

Un sondage Exafield pour le « Quotidien »

Un an après, comment les médecins jugent Buzyn

Par Anne Bayle-Iniguez - Publié le 14/05/2018
Un an après, comment les médecins jugent Buzyn

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SEBASTIEN TOUBON

Près d'un an jour pour jour après son entrée en fonction, le 17 mai 2017, Agnès Buzyn résiste bien dans le cœur des médecins libéraux. C'est l'enseignement majeur du sondage exclusif du « Quotidien ».

Alors que son prédécesseur Marisol Touraine était déjà entrée en zone critique au bout de douze mois de travail, 54 % du corps médical juge favorablement l'action d'Agnès Buzyn. Sans être un plébiscite, ce résultat positif contraste avec l'opinion générale. Fin avril, un Français sur deux (49 %) avouait même dans une enquête Odoxa-Dentsu Consulting pour « Le Figaro » et franceinfo ne pas être en mesure de juger le travail de leur ministre de la Santé… faute de la connaître suffisamment.

Les lauriers de la vaccination

La carrière médicale du Pr Buzyn explique en partie son honorable cote de popularité auprès de la profession. Près de six médecins sur dix (58 %) apprécient d'être sous la tutelle d'une consœur hématologue. C'est un « plus » pour 62 % des spécialistes (hors généralistes).

« L’opinion générale des médecins est assez positive, confirme Henri Farina, PDG du cabinet de conseil Stethos et expert du secteur, puisque, concernant Agnès Buzyn, le niveau de satisfaction est élevé et que la politique de santé actuelle est jugée beaucoup plus favorablement que celle du précédent gouvernement, même s’il est vrai qu’avec la ministre précédente on partait de très bas. »

La nouvelle locataire de Ségur a surtout séduit en défendant bec et ongles l'extension de trois à onze vaccins pédiatriques obligatoires, mesure qui implique les médecins au premier chef. Selon notre sondage, 82 % d'entre eux soutiennent leur ministre. C'est 26 points de plus que les Français, qui n'étaient que 56 % a apprécier cette décision, indique un sondage mi-avril de l'IFOP-Fiducial pour « Paris Match », Sud Radio et CNEWS. 

Pilotée par Matignon, la suppression du régime sociale des indépendants (RSI), adossé au régime général de Sécurité sociale au 1er janvier 2018, satisfait également 63 % des libéraux, et même 73 % des généralistes.

Mauvaise note sur le tiers payant

Si la ministre de la Santé ne subit pas de franc décrochage, elle n'a pas encore réussi à rétablir la confiance sur la question du tiers payant intégral pour tous, épouvantail de la précédente équipe. Après avoir tourné autour du pot puis repoussé l'entrée en vigueur de la mesure, Agnès Buzyn a confirmé son intention de la mener à bien, sur la base du volontariat des médecins. Insuffisant pour ces derniers, dont beaucoup attendaient un enterrement de première classe. Toutes spécialités confondues, un professionnel sur deux (51 %) n'est pas convaincu par sa gestion du dossier. Et près de sept généralistes sur dix (67 %) lui adressent un carton rouge. 

Même sanction concernant la lutte contre les déserts médicaux : 64 % des libéraux (74 % des généralistes) n'adhèrent par au plan du gouvernement. Quant à la réforme enclenchée de l'hôpital, elle mécontente 54 % des libéraux. Changeront-ils d'avis à l'écoute des annonces promises par Emmanuel Macron à la fin du mois de mai ? Rien n'est moins sûr. 

Développement de la télémédecine, reste à charge zéro sur l'optique, le dentaire et l'audioprothèse, service sanitaire pour les étudiants en santé… Suivant le rythme imposé par le tandem exécutif, Agnès Buzyn a très vite multiplié les chantiers, au risque de donner le tournis à la profession qui, dans l'attente de mesures concrètes, se retrouve bien en peine pour prendre clairement parti. C'est le dernier enseignement de ce sondage et c'est aussi, à terme, ce qui pourrait coûter des points à la ministre. Réponse dans les mois à venir. 

 

 

 

 

Anne Bayle-Iniguez