DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES CHOSES TIENNENT parfois à un fil… En 2008, Frédéric Kersestedjian est élu maire de Parisot, petite commune de 550 habitants située au cœur du Tarn-et-Garonne à 63 kilomètres de Montauban et 20 kilomètres de Villefranche de Rouergue.
Ce pharmacien de profession (mais installé dans un territoire voisin) succède à un enseignant à la tête de la Parisot. Pendant sa mandature, ce dernier a construit trois écoles. Le nouveau maire décide, lui, de s’investir dans l’organisation sanitaire de sa municipalité et notamment d’organiser le remplacement de l’unique médecin du village sur le point de prendre sa retraite.
« Jean-Noël Faure avait 63 ans, et surtout il clôturait 77 ans de médecine familiale après son père et son grand-père. Il m’a dit : "Je n’ai aucun successeur, je suis prêt à rester un peu plus longtemps mais fais le nécessaire", raconte l’édile. Aux trente kilomètres à la ronde, les médecins en place approchaient eux aussi tous la soixantaine, nous n’avions donc pas le choix. »
À Parisot, jusque-là, le généraliste n’avait réussi à attirer aucun jeune confrère pour lui succéder. Tous étaient absolument rebutés par une carrière en solitaire et en milieu rural. « J’ai vite compris que pour y arriver, il faudrait créer un pôle médical. Cela me semblait d’autant plus réalisable que nous avions déjà dans la commune un kiné ostéopathe, une pédicure, un dentiste, un cabinet d’infirmières et une pharmacie », explique Frédéric Kersestedjian.
La procédure a duré une année, le temps de convaincre les professionnels de santé et surtout de trouver des locaux. « Nous avons réhabilité un ancien collège désaffecté pour y installer des services publics. » Coût du projet : 850 000 euros avec le soutien des collectivités, de l’État et de la Fondation de France.
Dès que le pôle médical est sorti de terre, le maire et le médecin se remettent en quête d’un remplaçant, mais malgré des annonces à la faculté de médecine de Toulouse, sur des sites Internet spécialisés et même le recours à un chasseur de médecin, rien ne mord !
C’est finalement un médecin belge qui vient de s’installer à Parisot. « Nous avions des amis qui étaient venus s’installer dans le village il y a trois ans et avec mon mari nous avions le projet à moyen terme de vivre dans le sud de la France. Au départ, on visait la Provence comme beaucoup de compatriotes, mais finalement, nous sommes venus en vacances ici et ça nous a plu », raconte le Dr Dominique Sanabria, installée à Parisot depuis le 1er janvier.
Pour elle, la campagne n’était pas rebutante. « J’exerçais déjà en milieu rural en Belgique depuis six ans, et le fait de travailler dans un pôle médical m’a convaincue. Puis ici, les gardes sont régulées, le travail est beaucoup moins pénible. Enfin j’étais attendue, les gens avaient tellement peur de ne plus avoir de médecin, ça aide », explique-t-elle.
Depuis, à Parisot, un orthoptiste, une psychologue, et un service d’aide à la personne, ont rejoint le pôle médical, tandis que la municipalité négocie avec l’agence régionale de santé (ARS) pour l’ouverture de 12 places d’accueil de jour à proximité… Bref loin du désert médical.
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