Il est sans doute plus facile de parler des problèmes de la profession quand on n’est plus directement impliqué, étant retraité.
Le problème de la loi sur l’accessibilité aux handicapés (moteurs) des Établissements Recevant du Public (dont les cabinets médicaux) me semble emblématique de quelques dysfonctionnements de notre société (archaïque ?) française :
- Cette loi était justifiée car la France était (est) en retard sur le plan de l’accessibilité, si on la compare aux pays du nord de l’Europe : la communauté (numériquement faible donc inaudible lors des votes dits démocratiques à la majorité absolue ou relative) des gens en fauteuil roulant s’estimait (s’estime) à juste titre victime, en France, d’une privation (évitable) de liberté (d’aller et venir) ce que traduit bien cette parole d’une Française en fauteuil roulant ayant choisi d’émigrer en Suède : « En Suède, je suis une citoyenne à part entière, en France, j’étais une citoyenne entièrement à part. »
- La gouvernance dans notre pays ne sait pas s’organiser sur le mode de la négociation (qui suppose l’écoute de l’autre) mais se fait toujours sur le mode de la guérilla, de la bagarre où le but devient « faire tomber, coûte que coûte, le groupe d’en face devenu l’ennemi » plutôt que résoudre ensemble un problème dont personne ne peut nier qu’il existe ; ainsi a-t-on l’habitude de faire de très beaux textes de loi, puis, à coups de dérogations, de décrets d’application jamais publiés, de recours suspensifs qui s’éternisent… de les vider de leur substance. Est-ce là l’esprit gaulois ?
- Nos beaux textes de loi définissent généralement bien un idéal vers lequel il faut tendre, mais oublient à peu près systématiquement d’organiser de manière concertée la période de transition entre la situation de départ et la situation idéale que l’on veut instaurer à terme
- Au point où on en est, avec 80 % de cabinets libéraux pas aux normes (quand je travaillais, il y a 4 ans, le mien n’y était pas et je soignais systématiquement mes patients handicapés moteurs en visite à domicile), il me semblerait raisonnable de dépassionner le débat et d’avancer plutôt que reculer (en incitant des confrères à dévisser prématurément leur plaque) :
• du côté du législateur, il faudrait avoir l’humilité d’étudier comment ça marche là où ça marche et se mettre d’accord vite (sans des semaines d’empoignades et invectives entre gauche et droite) pour « importer » dans notre arsenal législatif et réglementaire ce qui marche (en particulier vis-à-vis de l’encadrement du travail des architectes et des distributeurs de permis de construire) ;
• pour les créateurs ou repreneurs de cabinet, peut-être les caisses de Sécu (ou/et collectivités locales) pourraient-elles les aider à trouver un local accessible proche ou à financer la transformation du local existant ;
• pour les confrères actuellement en exercice dans un cabinet pas aux normes, une lecture pragmatique et non dogmatique des textes aiderait probablement à résoudre la majorité des situations.
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