Les initiatives ou programmes de coopération entre les professionnels de santé ont surgi ces dernières années, en ordre dispersé, pour rendre du temps « médical » aux praticiens.
Censées lancer la dynamique, les expérimentations de nouveaux modes de rémunérations (ENMR) ont été créées en 2008 et déployées auprès de 150 équipes de soins. Elles ont été prolongées en 2014 et 150 nouvelles équipes en bénéficieront jusqu’à la fin de l’année.
Dans un autre registre, avec l’expérimentation de parcours des personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA), près de 230 000 personnes de plus de 75 ans bénéficieront d’une meilleure prise en charge d’ici à la fin de l’année.
En revanche, les protocoles de coopération, prévus par l’article 51 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) n’ont jamais décollé. Depuis 2009, seuls 74 protocoles ont été instruits par la Haute autorité de santé (HAS) avec 30 avis favorables prononcés (concernant surtout le binôme médecin/infirmière mais aussi des ophtalmologistes et des orthoptistes). « Ce sont avant tout des dossiers hospitaliers, très peu concernent les médecins libéraux », confie le Dr Luc Duquesnel, président des généralistes de l’UNOF-CSMF. « L’application sur le terrain s’avère décevante », relève un récent rapport des sénateurs Alain Milon (UMP) et Catherine Génisson (PS), qui pointent « la complexité pratique de la procédure de validation des protocoles ».
Le rôle central de l’infirmière
Depuis 10 ans, un programme a réussi à s’imposer : ASALEE, pour Action de santé libérale en équipe, souvent citée en exemple par Marisol Touraine. Asalée organise la collaboration entre des généralistes et des infirmières pour le dépistage et le suivi du diabète, la prise en charge du risque cardiovasculaire, le dépistage de la BPCO, le repérage des troubles cognitifs et le dépistage des cancers du sein et du colon.
L’infirmière, le plus souvent salariée, dispose d’un bureau dans le cabinet de groupe ou la maison de santé où elle reçoit les patients. Elle est autorisée à réaliser des examens du pied pour les diabétiques, des ECG chez les insuffisants cardiaques, les tests de spirométrie des patients atteints de BPCO... Elle réalise l’éducation thérapeutique du patient et remplit le dossier médical informatisé. L’infirmière salariée gagne entre 1 800 et 2 100 euros net selon son ancienneté, réglés par Asalée.
« Pendant les neuf premières années, le médecin n’était pas rémunéré pour sa participation, explique le Dr Jean Gautier, président de l’association Asalée, qui a porté le projet lors depuis sa création. Maintenant il touche à peu près 1 000 euros par trimestre ».
En dix ans, le programme a pris de l’ampleur. En juin 2013, l’association comptait 331 médecins, 117 infirmiers répartis dans 105 communes de 16 régions qui prenaient en charge 330 000 patients. Et ce n’est pas fini. « Nous sommes en phase de recrutement », explique le Dr Gautier Le généraliste des Deux-Sèvres table sur... 1 million de patients suivis dans le programme Asalée par 800 médecins et environ 170 infirmières d’ici à la fin de l’année. L’association a bénéficié pour 2014 d’un budget d’environ 12 millions d’euros.
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