Faut-il instaurer une tarification variable des consultations médicales selon les zones géographiques (en zone rurale, à Paris, etc.) quitte à ouvrir la porte à des conventions locales et à des nomenclatures différentes selon les secteurs géographiques ? Le débat n'est pas nouveau et il a parfois divisé les syndicats médicaux eux-mêmes.
Si les partenaires conventionnels ont jusque-là écarté cette hypothèse jugée aventureuse – et réaffirmé leur confiance dans la convention médicale unique et la nomenclature nationale, à l'exception des tarifs majorés dans les territoires ultramarins – le député de Dordogne Jean-Pierre Cubertafon (Modem) pourrait relancer ce débat, son idée phare étant de mieux rémunérer les médecins en zone rurale désertifiée, là où les besoins sont immédiats.
Double tarif mais pas double peine
Dans un rapport sur la ruralité, commandé en février dernier par Matignon et dont « Le Quotidien » s'est procuré la synthèse, ce député avance 70 mesures dont une dizaine touche la santé. À côté de propositions assez classiques (développer les CPTS, encourager la médecine itinérante dans les zones rurales, renforcer le pilotage départemental des ARS, etc.), le député recommande de renouveler le « cadre de conventionnement des médecins en zone rurale ». Objectif : proposer des tarifs différenciés de consultation permettant de mieux payer les médecins généralistes qui s'installent dans les déserts médicaux.
Invité de France Bleu Périgord lundi 11 octobre, le parlementaire a défendu sa proposition de tarif local plus élevé. « Il manque des médecins et on aura encore sept à huit ans à souffrir », justifie d'emblée Jean-Pierre Cubertafon. « En attendant, ce double tarif de consultation permettrait de garder le tarif actuel pour les médecins dans les agglomérations ou les zones rurales où il y a suffisamment de médecins, et de proposer un deuxième tarif pour les médecins qui accepteraient d'aller dans les zones sous-denses où on manque de praticiens, a-t-il détaillé. Aujourd'hui, il est difficile d'imposer aux médecins de s'installer quelque part. »
Sur ces bases, faut-il imaginer une consultation de référence en secteur I à 30 ou 35 euros dans les déserts médicaux (« zone 2 » de conventionnement, selon le député), contre seulement 25 euros dans les secteurs bien pourvus médicalement (zone 1) ? Le député se défend en tout cas de créer une médecine à deux vitesses puisque la différence serait assumée par la Sécurité sociale. « Il n'y aurait évidemment pas de double peine », assure-t-il.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre