À peine en place, déjà à l'épreuve d'une grave crise sanitaire...
De Perpignan à Saint-Malo, de Lans-en-Vercors (Isère) à Colomiers (Haute-Garonne) : face à la propagation rapide du coronavirus, des centres de consultations « Covid-19 » poussent comme des champignons dans les territoires, à l'initiative de libéraux coordonnés. L’objectif recherché est toujours le même : éviter la contamination des patients fragiles et polypathologiques dans les salles d’attente, permettre aux médecins généralistes de prendre en charge les malades habituels et surtout limiter les flux vers les centres hospitaliers qui se concentrent sur les cas les plus graves.
Parcours fléchés
Soutenus par les maires, les agences régionales de santé (ARS) et les URPS, ces « pools » de médecins, infirmiers et autres paramédicaux, très souvent membres d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), proposent un parcours fléché aux patients symptomatiques du Covid-19 dans leur département.
C'est le cas à Colomiers, en Haute-Garonne. À l'initiative de la CPTS, un centre de consultation a été ouvert dans un gymnase dès le 18 mars. Une cinquantaine de médecins généralistes, épaulés par des infirmiers, assurent tous les jours de 8 heures à 20 heures les consultations. « Nous demandons aux patients d’appeler d’abord leur médecin traitant qui font le tri. Les confrères nous envoient leurs malades quand ils jugent que cela est nécessaire, explique le Dr Frédéric Venouil, médecin généraliste à Colomiers et membre de la CPTS. Les patients qui n’ont pas de médecin traitant peuvent se rendre directement au centre. L’infirmier présent effectue le tri et prépare la consultation. Pour les cas graves, nous sommes en liaison avec l'hôpital pour les transférer ». Depuis l’ouverture du site, les médecins ont effectué entre 100 et 120 consultations par jour pour un bassin de population de 130 000 habitants.
Accueil sur le parking et kits de protection
Dans l’Eure-et-Loir, c’est la CPTS Sud 28 qui est à l'origine de l'ouverture de cinq centres d'accueil et d'orientation Covid-19, situés à Brou, Bonneval, Châteaudun, Cloyes- les-Trois rivières et Orgères-en -Beauce. « À tout moment, les médecins généralistes du territoire peuvent adresser leurs patients symptomatiques dans l'un des centres », explique le Dr Bertrand Joseph, président de la CPTS. Ouvert tous les jours de 14 heures à 18 heures, chaque site fonctionne pour le moment avec cinq professionnels de santé dont un généraliste, deux infirmiers et deux auxiliaires de santé. Ces derniers sont chargés d'accueillir les patients sur le parking puis le tri se fait par l'infirmier. «Quand le patient réclame une auscultation par le médecin, il passe dans une zone prévue pour cela. C'est le médecin qui décide d'un suivi à domicile ou d'un transfert à l'hôpital », ajoute le généraliste de Châteaudun, qui mobilise aussi les retraités et les internes. Pour assurer la protection des soignants et des malades, la CPTS a déboursé 40 000 euros pour des kits complets de protection (masques, blouses). «On équipe même les ambulances pour transporter les malades », explique le Dr Joseph.
Dans d'autres territoires, ce sont les locaux de l'hôpital de proximité qui sont utilisés par des libéraux volontaires (MG et infirmières libérales) pour y assurer des plages de consultations Covid-19 dans des salles séparées. La CPTS fournit un soutien logistique et financier.
Atout considérable
En Isère, « c'est vingt centres de consultation Covid-19 qui sont en préparation dans le territoire dont un déjà opérationnel à Lans-en-Vercors », explique le Dr Claude Leicher, généraliste à Etoile-sur-Rhône et ancien président de MG France. Dans ce département, le dispositif s'appuie sur un accueil téléphonique assuré par des professionnels de santé membres d'une CPTS, selon des protocoles précis. Des rendez-vous de consultations sont ensuite proposés aux patients.
Face à cette crise sanitaire, la médecin, également président de la Fédération des CPTS se félicite de ces initiatives, qui témoignent du dynamisme et de la réactivité des équipes interpro. « Là où il y a une organisation territoriale avec une coordination pluriprofessionnelle, les libéraux sont opérationnels ! La CPTS est un atout considérable pour répondre à une situation comme celle que nous vivons », dit-il.
Toutefois, face au déploiement rapide de ces unités ambulatoires, l'ancien syndicaliste met en garde les pouvoirs publics. « Le centre de consultation ne doit s'ouvrir que sur demande des médecins du secteur en liaison avec les infirmiers et les pharmaciens, recadre le Dr Leicher. Il ne doit pas se faire sans concertation car ce type de site peut être un appel d'air qui met en danger l'économie des cabinets médicaux. »
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