La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a jeté un pavé dans la mare en adoptant un article additionnel au projet de loi de santé visant à mettre en place un conventionnement sélectif (une installation pour un départ) dans les zones surmédicalisées.
Si elle devrait finalement disparaître du texte définitif, cette disposition, dans l’air du temps depuis plusieurs années, traduit l’insatisfaction de nombreux élus sur l’efficacité des mesures incitatives à l’installation. « Il est temps d’arrêter les mesurettes et d’aller plus loin », martèle depuis quelques jours le sénateur centriste de l’Eure, Hervé Maurey.
Pousser le niveau de réflexion
Ce discours hérisse le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (REAGJIR). Le syndicat estime que la coercition n’est pas une réponse à la désertification médicale et prône une vraie réflexion commune incluant tous les professionnels de santé.
Les politiques de coercition administrative « ne poussent pas le niveau de réflexion assez loin », juge le Dr Jacques Olivier Dauberton. Le président de REAGJIR appelle à creuser plusieurs pistes et à repenser l’aménagement du territoire. « Les jeunes médecins souhaitent concilier vie privée et professionnelle, ils ont des souhaits d’exercice nouveaux et les sénateurs n’ont pas la vision des jeunes générations », regrette-t-il.
Les mesures coercitives imposées dans d’autres pays (dont l’Allemagne) afin d’améliorer la répartition des professionnels sur le territoire se sont soldées par un échec, ajoute le médecin. « Il est difficile de comparer le conventionnement sélectif avec d’autres professions comme les infirmières ou les orthophonistes, nous n’avons pas de chiffres », ajoute le Dr Dauberton.
REAGJIR bat en brèche l’idée reçue selon laquelle les généralistes ne s’installent absolument pas. « Cinq ans après leur inscription à l’Ordre, près de 40 % des généralistes exercent en libéral ou ont une activité mixte contre 10 % au moment de leur inscription », affirme le syndicat, citant le récent atlas de la démographie médicale de l’Ordre.
À l’instar de la CSMF qui avait rejeté une « proposition démagogique et éculée », le SML estime que le conventionnement sélectif ne règle pas « le problème de fond » : redonner de l’attractivité aux territoires et promouvoir l’exercice de la médecine libérale.
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